Usage de cannabis et risque de troubles psychiatriques

 

En Avril 2016, les Archives of General Psychiatry publiait une étude intitulée « Usage de cannabis et risques de troubles psychiatriques: Données prospectives issues d’une étude nationale longitudinale aux U.S.A ». Elle visait à préciser les conséquences psychiatriques de l’usage de cannabis. Choisirunmédecin.com vous en livre un résumé (Abstract)

 

 

Résumé de l’étude

 

Intérêt de l’étude

Le contexte d’augmentation du niveau de consommation de cannabis dans la population générale, le nombre croissant d’États légalisant l’utilisation de la cannabis (à visée récréative) et autorisant les programmes de cannabis médical (à visée thérapeutique), justifient de multiples préoccupations cliniques et politiques sur les effets  de l’usage de cannabis sur la santé mentale.

 

Objectif de l’étude

Examiner, de façon prospective et dans une population adulte, l’association entre usage du cannabis et risque de présenter des troubles mentaux et/ou des addictions.

 

Méthodes de l’étude

Un échantillon représentatif de la population nationale, d’adultes américains (âgés de 18 ans ou plus), a été interviewé au décours d’un intervalle de 3 ans. Ce protocole rentre dans le cadre du « National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions » (sondage national d’épidémiologie sur l’alcool et les usages connexes). Il a été opéré un recueil prospectif des données médicales sur 2 phases : la phase 1 s’étalant entre 2001 et 2002, la phase 2 entre 2004 et 2005. Les principales analyses effectuées portent sur 34653 participants qui ont été interviewés sur les deux périodes de recueil d’informations. L’analyse des données a été effectuée du 15 mars au 30 novembre 2015.

 

Techniques de mesures

Utilisation d’une régression multiple et recherche de concordance entre les scores de propension pour estimer la force d’une association indépendante entre l’utilisation de cannabis (à la phase 1) et les troubles psychiatriques retrouvés (à la phase 2). Les troubles psychiatriques ont été évalués par un entretien structuré (Alcohol Use Disorder and Associated Disabilities Interview Schedule – DSM-IV). Dans les deux analyses, on a pris en considération un même ensemble de facteurs de confusion, parmi lesquelles : les caractéristiques sociodémographiques, les antécédents familiaux de trouble lié à l’usage de substances, un environnement familial perturbé, la perte parentale dans l’enfance, la faible estime de soi, la déviance sociale, l’éducation, les traumatismes récents, les troubles psychiatriques passés et actuels, ainsi que les antécédents de divorce chez les sujets inclus.

 

Résultats de l’étude

L’analyse de la régression multiple des 34653 sondés (dont 14564 hommes, avec un âge moyen de 45,1 ans), la consommation de cannabis sur la phase 1 (signalée par 1279 sondés) était significativement associée à des troubles « liés à l’usage de substances » dans la phase 2 :

  • tout trouble lié à l’usage de substances psychoactives  [Odds Ratio de 6,2 – Intervalle de Confiance à 95% compris entre 4,1 à 9,4];
  • tout trouble lié à l’usage d’alcool  [OR à 2.7 – IC 95% ∈ 1.9-3.8];
  • tout trouble lié à l’usage du cannabis [OR à 9,5 – IC 95% ∈ 6,4-14,1];
  • tout autre trouble lié à l’usage de drogues  [OR à 2,6 – IC 95% ∈ 1,6-4,4];
  • dépendance à la nicotine: [OR à 1.7 – IC 95% ∈ 1,2-2,4];

mais pas associée de façon significative aux troubles de l’humeur [OR à 1,1 – IC 95% ∈ 0,8-1,4] ni aux troubles anxieux [OR à 0,9 – IC 95% ∈ 0,7-1,1].

Le même profil général de résultats a été observé dans les analyses de régression multiple portant sur les troubles psychiatriques prévalents de la phase 2 et dans l’analyse appariée des scores de propension des troubles psychiatriques incidents et prévalents.

 

Conclusions et pertinence de l’étude

Dans la population générale, l’utilisation du cannabis est associée à un risque accru de troubles liés à l’usage de différentes substances. Les médecins et les législateurs devront tenir compte de ces risquent associés à la consommation de cannabis.

 

 

En clair ?

Cette étude tendrait à montrer que l’usage de cannabis constitue un facteur de risque de développement pour d’autres troubles liés à l’usage de différentes substances psychoactives. En revanche, il n’a pas été mis en évidence que l’usage de cannabis serait rattaché à un risque accru de trouble de l’humeur, ni de trouble anxieux. Quid des troubles schizophréniques ? Il semble que les auteurs n’aient pu conclure à ce sujet.

 

 

Référence: Cannabis Use and Risk of Psychiatric Disorders
Prospective Evidence From a US National Longitudinal Study
Carlos Blanco, MD; Deborah S. Hasin; Melanie M. Wall; et al Ludwing Flórez-Salamanca; Nicolas Hoertel; Shuai Wang; Bradley T. Kerridge; Mark Olfson
JAMA Psychiatry. 2016;73(4):388-395. doi:10.1001/jamapsychiatry.2015.3229

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