FACE AU DANGER DES MEDICAMENTS

schlankheitsmittel

 Je me soigne par les plantes !

Cette déclaration est bien souvent brandie, comme étendard du « tout naturel ».

Décidons d’ignorer volontairement les considérations biochimiques élémentaires, qui seraient susceptibles d’ébranler la confortable croyance populaire en une dichotomie stricte (bon/mauvais), censée opposer produits dits « naturels » et produits dits « de synthèse » (encore dénommés, produits chimiques). Validons donc, comme préalable à notre réflexion, la pertinence d’une analyse comparative entre la suspecte allopathie*, et la bucolique phytothérapie*.

Se soigner par les plantes n’en repose pas moins sur 2 questions fondamentales :

  • les traitements phytothérapiques sont-ils véritablement efficaces ?
  • les traitements phytothérapiques sont-ils vraiment d’un usage sécure ?

1/ Les traitements par phytothérapie* sont-ils véritablement efficaces ?   panoramix

Il est difficile de répondre formellement, et surtout globalement, à cette question. Elle requiert le recueil d’évaluations scientifiques, statistiquement exploitables (comparaison d’effets entre deux groupes d’individus, équivalents en taille d’échantillons, en répartition d’âge, de sexe, de caractéristiques générales des participants, etc). Seules ces conditions fondamentales, exigeantes et parfois difficilement réalisables, sont supposées permettre d’affirmer que l’intervention thérapeutique étudiée possède bien un effet spécifique, significativement supérieur au placebo (ou comparé à un traitement de référence ).

Malheureusement, les médecines dites « non conventionnelles » manquent cruellement d’études cliniques exploitables. Les données issues d’une rapide revue de la (maigre) littérature existante, sont toutefois capables de confirmer qu’une réponse intuitive par l’affirmative (« les plantes ? ça marche, c’est prouvé depuis la nuit des temps ! ») demeure loin d’être évidente.

Un recours aux analyses de la Bibliothèque Cochrane permet de recueillir quelques éléments de réponses. La Collaboration Cochrane est une organisation à but non lucratif, indépendante, qui regroupe plus de 28 000 volontaires dans plus de 100 pays. Cette collaboration s’est formée à la suite d’un besoin d’organiser de manière systématique les informations concernant la recherche médicale. Le terme « Phytotherapy», appliqué à la recherche de publications par cette revue, permet d’obtenir les articles suivants parmi les 2 premières pages de réponses :

  • Extrait de prunier d’Afrique sur les symptômes urinaires causés par l’hypertrophie bénigne de la prostate:  « Des essais supplémentaires contrôlés par placebo sont nécessaires, ainsi que des études comparant le Pygeum africanum à des groupes témoins actifs ayant démontré de façon probante une amélioration des symptômes des voies urinaires inférieures dus à une HPB. Ces essais devront être de taille et de durée suffisantes pour détecter des différences significatives parmi des critères de jugement cliniquement pertinents et utiliser les scores des échelles de symptômes urologiques standardisées. »
  • Traitement par les plantes  et  polyarthrite rhumatoïde : « Plusieurs interventions à base de plantes sont considérées comme validées de façon injustifiée, par des études simples bras ou des études sans comparaison au placebo, dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde… »
  • L’ail et le rhume : « Les preuves issues d’essais cliniques sont insuffisantes concernant les effets de l’ail pour prévenir ou traiter le rhume banal. Un essai isolé a suggéré que l’ail pouvait prévenir les cas de rhume, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour valider ce résultat. Les revendications d’efficacité semblent reposer largement sur des preuves de qualité médiocre. »
  • Gingko Biloba et D.M.L.A* : « Les recherches, en l’état actuel, n’ont pas permis de répondre à la question de savoir si les personnes atteintes de DMLA devraient prendre de l’extrait de Ginkgo biloba pour prévenir la progression de la maladie. Deux essais de petite taille ont suggéré un effet bénéfique possible du Gingko biloba sur la vision et des essais supplémentaires sont nécessaires. Le Ginkgo biloba est couramment utilisé en Chine, en Allemagne et en France. Les essais futurs devraient être de plus grande taille et durer plus longtemps afin d’offrir une mesure plus robuste de l’effet de l’extrait de Gingko biloba sur la DMLA. »
  • Aloe vera et phlébites de perfusion : « Il n’existe aucune preuve solide pour prévenir ou traiter la phlébite de perfusion avec l’application externe d’Aloe vera. »
  • Cranberries et cystites : « Après une recherche approfondie, aucune ECR* ayant évalué l’efficacité du jus de canneberges dans le traitement des IVU* n’a été identifiée. Par conséquent, il n’existe aujourd’hui aucune preuve tangible suggérant que le jus de canneberges permet de traiter efficacement les IVU. Des essais, bien planifiés, en groupes parallèles et en double aveugle, comparant le jus de canneberges et d’autres produits à base de canneberges avec un placebo afin d’évaluer l’efficacité du jus de canneberges dans le traitement des IVU sont nécessaires. Les critères de jugement devraient comprendre la réduction des symptômes, la stérilisation de l’urine, les effets secondaires et l’adhésion au traitement. La dose (quantité et concentration) et la durée du traitement devraient également être évaluées. »
  • Passiflore et anxiété : « Les essais thérapeutiques contrôlés et randomisés examinant l’efficacité de passiflore pour l’anxiété sont trop peu nombreux pour permettre de tirer des conclusions. D’autres études, portant sur de plus grandséchantillons et qui comparent l’efficacité de la passiflore avec le placebo, voire d’autres types de médicaments, y compris les antidépresseurs, sont nécessaires. » 

Certaines conclusions paraissent pourtant encourageantes :

  • Herbes médicinales et dysménorrhées : « La présente revue a trouvé des preuves prometteuses en faveur de l’utilisation de plantes médicinales chinoises contre la dysménorrhée primaire. Toutefois, les résultats sont limités par la qualité méthodologique médiocre des essais inclus. »
  • Extrait de Kava et anxiété : « Par rapport au placebo, l’extrait de kava est efficace dans le traitement symptomatique de l’anxiété mais, à l’heure actuelle, la quantité d’effet semble limitée. Cet effet manque de solidité et repose sur un effectif relativement réduit. Les données issues des études examinées suggèrent que le kava est relativement sûr en traitement de court terme (1 à 24 semaines), mais des informations supplémentaires sont nécessaires. Des essais rigoureux portant sur des effectifs plus importants sont nécessaires afin de dissiper les doutes existants. Qui plus est, des études sur l’innocuité* à long terme du kava sont nécessaires. »
  • Colon irritable et herbes médicinales : « Certains remèdes à base de plantes pourraient améliorer les symptômes du syndrome du côlon irritable. Néanmoins, les résultats positifs des essais les moins rigoureux devraient être interprétés avec précaution en raison d’une méthodologie inadéquate, d’un effectif réduit et de l’absence de données de confirmation. Certains remèdes à base de plantes méritent un examen plus approfondi dans le cadre d’essais de haute qualité. »

 

D’autres publications, issues de revues d’importance mineure, paraissent affirmer l’efficacité de certaines approches thérapeutiques, dites « naturelles » sur des affections médicales ciblées. Cependant, une analyse critique par l’Evidence Based Medecine (spécialisé dans le reviewing* des publications scientifiques) mène, le plus souvent, ces rédacteurs  dans le même embarras que la Bibliothèque Cochrane. C’est notamment le cas pour les herbes médicinales utilisées dans les dyspepsies* : « Compte tenu des tous les éléments pris en considération, l’enquête fournit la preuve que des études plus rigoureuses de ces composés sont justifiées. » , pour l’application de pansements au miel sur les plaies : « Les auteurs ont conclu que la preuve était insuffisante pour guider la pratique clinique, et ne recommandent pas l’achat de pansements de miel. Ils ont découvert que le miel appliqué en compresses n’a pas amélioré significativement les taux de guérison des ulcères de jambe veineux. Ils ont noté un retard de guérison dans les brûlures par rapport à l’excision précoce et la greffe… », pour des compléments alimentaires à base d’herbes médicinales contre les symptômes vasomoteurs de la femme ménopausée : « ne soulagent pas les symptômes vasomoteurs de la ménopause chez la femme ».

 

 

 

2/ Le caractère naturel est-il vraiment un gage d’innocuité* ?   Amanita-muscaria-300x191

La réponse pourrait paraître, cette fois, bien plus aisée. Cependant, la vertueuse médecine naturelle jouit d’une bonne opinion populaire qui  révèle une ambivalence certaine dans nos esprits. Les exemples de plantes ou champignons toxiques sont pourtant légions, pour quiconque observe la nature.

La grande Cigüe aurait été responsable de la mort, par empoisonnement, du philosophe Grec, Socrate. Elle constitue probablement une illustration mythique des dangers de Dame Nature. Plus classiquement, l’ingestion de quelques feuilles de Laurier rose présente une toxicité, pouvant se révéler mortelle. Si l’envi d’une omelette aux champignons vous tente, évitez également l’amanite phalloïde – votre santé risquerait fort de ne jamais vous le pardonner.

Au delà d’une toxicité cellulaire directe, l’usage de certaines substances naturelles peut s’avérer addictif* et/ou provoquer des effets physiologiques gênants. La cocaïne est extraite de la feuille de coca. L’opium provient du pavot. Fumer des fleurs séchées de Marijuana constitue la voie d’acheminement la plus rapide, du tétrahydrocannabinol (THC) vers notre système nerveux central. Tout à fait « naturelle », cette pratique n’en présente pas moins des effets délétères sur la mémoire, augmente le risque de décompensation psychotique, peut être responsable d’un syndrome amotivationnel*, expose à une impossibilité de s’en passer (syndrome de dépendance), etc.

Certaines idéologies issues de dérives pseudo-écologiques peuvent même se montrer contre-productives pour la Santé publique. L’existence de tabac « BIO » engendre un risque de minimiser, à tort, les conséquences dramatiques de l’inhalation de la fumée de notre végétal préféré. Croire préserver sa santé des dangereux pesticides, tout en allumant une cigarette, soit-elle « labellisée », revient (à quelque chose prêt) à pénétrer dans le réacteur nucléaire de la centrale de Fukushima, en prenant bien soin d’éteindre son smartphone pour se préserver des ondes néfastes, qu’on le soupçonne d’émettre…

Ces illustrations peuvent faire sourire et paraître caricaturales. On peut en effet espérer que les herboristes aient pris le soin d’écarter les substances dangereuses des essences naturelles mises à disposition sous forme de gélules, comprimés, ou autres lotions, vendus en officine. Etudions donc spécifiquement ces produits, délivrés sans ordonnance:

  • Le millepertuis est considéré comme un antidépresseur « naturel ». Ce statut lui procure d’office l’image d’une approche thérapeutique de la dépression plus douce et dénuée des méfaits imputables aux maudits « produits chimiques ». Dès 2004, la Revue Prescrire (reconnue pour l’absence totale de subvention publicitaire et pour son indépendance de l’industrie pharmaceutique) titrait sans ambiguïté : « Millepertuis et Dépression : Au mieux une légère efficacité, mais de nombreuses interactions à prendre en compte ».
  • En 2012, Prescrire (encore) alertait : « Plantes « médicinales » : hépatites graves avec le pélargonium. Commercialisées parfois sous le simple statut de complément alimentaire, les plantes médicinales ne sont pas toujours sans danger. Dommage, surtout quand elles n’ont pas d’efficacité démontrée. » Il statuait ainsi au sujet d’extraits de racines, proposées dans certaines affections respiratoires distribuées sous le nom de Arkogélules pelargonium® et délivrées librement en pharmacie comme « compléments alimentaires ».
  • L’extrait de Cranberry soignerait « naturellement » les cystites récidivantes. Outre le fait que l’Afssa* ne peut se prononcer sur un véritable effet thérapeutique, « des augmentations de l’INR* et des hémorragies graves ont été observées chez des patients sous antivitamines K lors de l’ajout de jus de cranberry ».

On prend donc la mesure du danger lié à la banalisation des médicaments cachés . En Juillet 2008, un sondage effectué sur un échantillon de 1000 patients, interrogés lors d’une consultation d’anesthésie pré-opératoire, a montré qu’une personne sur 5 rapportait prendre un produit à base de plantes. Cette consommation était rarement déclarée spontanément par les patients aux soignants. Nombre d’entre eux exposent pourtant à des interactions avec des médicaments et à des effets indésirables parfois graves.

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La prise en compte de ces différents aspects, nous amène inévitablement à louer, une fois de plus, l’évaluation de la précieuse balance bénéfice/inconvénients pour tout traitement !

C’est le préalable primordial à toute décision de prescription et/ou prise médicamenteuse. Il est donc, ici, fondamental d’évaluer si elle est véritablement et systématiquement plus favorable pour les remèdes dits « naturels » que pour les médications « classiques », dite allopathiques.

Rappelons que le statut de médicament implique la notion de « principe actif » : composant qui se caractérise par un effet pharmacologique spécifique sur un organisme. Les pharmacologues s’accordent pour affirmer que cet effet thérapeutique propre ne peut être isolé. Il est forcément accompagné d’autres effets, plus ou moins nombreux et plus ou moins importants, dénommés : effets secondaires. Parmi ces effets secondaires, certains peuvent se montrer indésirables. Selon les données actuelles de pharmacologie, il serait donc illusoire d’espérer d’un traitement qu’il n’engendre aucun risque d’effet secondaire (le modèle parfait n’existe pas !)

 Ce postulat justifie donc, pour chaque traitement, une étude la plus précise possible des effets secondaires et des effets favorables. Elle doit permettre au prescripteur et à l’usager d’évaluer au mieux la précieuse balance avantages/inconvénients (bénéfices/risques). Seul un placebo* peut se prévaloir d’une innocuité absolue (quand une personne rapporte des symptômes désagréables après l’administration d’un placebo, ces-derniers ne peuvent pas être liés à l’action pharmacologique spécifique d’un quelconque composant du produit. Ces plaintes, pourtant authentiques, résultent alors de l’anticipation négative de l’usager = effet nocebo).

En 2016, il est temps que chaque malade soit conscient qu’il reste, malheureusement, « condamné » à choisir entre le risque « non nul » d’effets indésirables ou le placebo*. S’il choisit l’option du traitement, censé être doté d’effet réel, le patient est alors libre d’opter pour des produits supposés moins « toxiques » mais peu (ou pas) évalués, ou pour des médicaments sur lesquels ont été mené des études approfondies. Dans le second cas, les effets indésirables peuvent être consulté dans une notice qui, avouons le, n’est pas faite pour rassurer.

La bonne (phyto)réputation des gélules de plantes repose parfois sur des stratégies marketing étonnantes. Par exemple, les supplémentations en fer sont préconisées dans le cas des carences martiales*. Les traitements habituels (Fumafer®, Tardyferon®) ont la mauvaise tendance de générer des désordres digestifs lors des cures d’apports ferriques. Certains praticiens proposent alors une alternative, en apparence astucieuse: des compléments alimentaires disponibles au rayon phytothérapie des pharmacies permettraient un apport en fer mieux toléré par l’organisme ! Comment expliquer cette prouesse technique ? Une simple comparaison des caractéristiques de chacun des-dit produits apporte une ébauche de réponse. Le Fumafer® contient 66 mg de fer par gélule, Le Tardyféron® contient 80 mg de fer par gélule. Parmi les alternatives disponibles en vente libre, l’Oemine-Fer® vous permet de disposer de… 18 mg de fer/gélule . Quelle bonne idée de diminuer par 3 à 4 les quantités du principe actif pour réduire d’autant les effets secondaires ! Dans ce cas de figure, l’approche phytothérapique (et son image positive) reposerait donc sur un dosage bien plus faible en la molécule thérapeutique. Quid alors de l’efficacité escomptée ? S’il faut prendre 3 fois plus de comprimés pour compenser la carence du patient, la meilleure tolérance abdominale tant vantée sera-t’elle confirmée ? Comment l’industrie pharmaceutique mercantile n’a t’elle pas eu avant cette astucieuse idée de … diminuer le dosage de leur traitement pour engendrer mois de désagréments lors des traitements ? Quelque chose cloche… on hésite entre une naïveté incroyable de « Big Pharma » et une manipulation  « rude » des médecines « douces ».

Au delà de ces considérations pratiques, puisque les plantes contiennent des principes actifs véritables, il serait justifié de les soumettre au même parcours de commercialisation que celui des médicaments « classiques ». L’actualité vient de rappeler cruellement que le risque est inhérent à toute nouvelle utilisation d’une molécule active chez l’homme. L’essai d’un antalgique cannabinoïde vient d’entraîner des dommages graves chez plusieurs volontaires sains et le décès d’un d’entre eux. Si ces protocoles strictement encadrés présentent des risques majeurs, comment accepter que certains pseudo-traitements puissent se soustraire à des règles de contrôle équivalentes ? Pour obtenir une A.M.M*, le médicament doit avoir prouvé son effet thérapeutique spécifique face au placebo* et/ou une autre molécule de « référence ». Schématiquement, l’essai clinique d’un nouveau traitement comporte 3 phases fondamentales (après les expérimentations préalables in vitro* puis sur l’animal): Phase I. Evaluation de la tolérance et de l’absence d’effets indésirables chez des sujets (le plus souvent volontaires sains, indemnisés). Phase II. Détermination de la dose optimale efficace du médicament et de ses éventuels effets indésirables chez des malades. Phase III. Comparaison de l’efficacité du traitement soit à un placebo, soit à un traitement de référence. C’est cette phase coûteuse qui peut être financée par des fonds privés et suspectée d’un risque de dérives. Théoriquement, le placebo montrera une absence totale de risque mais échouer à prouver son efficacité – les principes actifs, eux, devraient montrer un bénéfice significatif, mais aussi permettre d’évaluer leur acceptabilité pour l’être humain (effets secondaires, risque de toxicité…) Pourtant, au sein de la grande famille des remèdes disponibles en pharmacie, il existe 2 exceptions majeures à ces règles élémentaires: les produits phytothérapiques (considérés comme « compléments alimentaires ») et les traitements homéopathiques (qui disposent d’une dérogation unique, historique, et mystérieuse, leur permettant d’accéder au statut ou à la réputation populaire de médicaments, sans passer l’épreuve de la comparaison au placebo). Il paraîtrait judicieux d’harmoniser.

 

 

médecine naturelle

 

 

En conclusion :

L’industrie pharmaceutique fut probablement souvent responsable de sa mauvaise image auprès de la population générale. On peut comprendre qu’il soit difficile de lui garder une opinion positive, ou même simplement nuancée, eu égard les enjeux commerciaux et autres conflits d’intérêts, révélés régulièrement au travers de véritables scandales. Ces tristes révélations régulières alimentent les thèses les plus extrêmes et apportent de l’eau au moulin des théoriciens du Complot. Ainsi, les arguments « anti-vaccination » reposent-ils plus sur les fantasmes d’ hypothétiques secrets d’Etat enterrés par nos élites, que sur une analyse rationnelle et pragmatique, basée sur l’évaluation rétrospective bénéfice/risque des politiques vaccinales en Santé Publique. Que l’on soit devenu ainsi adeptes du manichéisme et du sacro-saint principe de précaution – érigé contre le joug du lobby pharmaceutique « Big Pharma », il reste peut-être possible de conserver une cohérence de réflexion élémentaire. Ainsi, de même que les industriels pharmaceutiques appartiendraient à une grande conspiration planétaire, les producteurs de « remèdes naturels » alimentent également nos armoires à pharmacie à la grande joie de leurs actionnaires. Les laboratoire alternatifs n’échappent pas à la même logique financière. Il serait donc peut-être envisageable de les inclure dans les scénarii « complotistes » qui fleurissent régulièrement et prospèrent sur le net !

Seul le développement d’un sens critique, objectif, excluant les « à priori » tout comme les certitudes paranoïaques,  permettra aux usagers de ne pas laisser abuser par les convictions affichées par ceux qui clament le plus fort.

 

 

Lexique: 

-allopathie: terme utilisé par les homéopathes et désignant un ensemble de pratiques thérapeutiques ne reposant pas sur le principe de l’homéopathie. Par extension, ce terme est souvent opposé à la médecine par les plantes également…

-phytothérapie: phytothérapie désigne la médecine fondée sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels.

-D.M.L.A: dégénérescence maculer liée à l’âge.

-E.C.R: essai contrôlé randomisé.

-I.V.U: infection des voies urinaires.

-innocuité: qualité d’une chose qui n’est pas nuisible.

-reviewing: cet anglicisme, traduit l’action de faire relire un article par ses pairs afin que ces-derniers en livre une analyse critique (validité, biais, …)

-dyspepsies: ensemble de symptômes de douleur ou de malaise épigastrique.

-addictif: qui présente un risque de dépendance.

-syndrome amotivationnel (démotivation): ensemble de symptômes décrit comme induits par un usage chronique de cannabis et associant classiquement repli sur Soi, aboulie, perte des relations sociales, ralentissement psychomoteur et d’autres symptômes du registre dépressif.

-Affsa: Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments.

-I.N.R: (International Normalized Ratio) est un des indicateurs de la coagulation sanguine.

-placebo: substance supposée neutre, c’est-à-dire sans effet pharmacologique démontré dans la pathologie considérée, administré dans le but de plaire au patient, ou utilisé comme « comparateur » dans le cadre des essais cliniques visant démontrer l’effet spécifique d’une molécule.

-(carence)martiale: en rapport avec le fer.

-A.M.M: autorisation de mise sur le marché.

-in vitro: signifie un test en tube, ou, plus généralement, en dehors de l’organisme vivant ou de la cellule.

 

 

 

Références :

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A prospective study on the safety of herbal medicines, used alone or with conventional medicines.

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-Pan Afr Med J. 2013; 14: 125.

Survey of toxicological aspects of herbal medicine used by a herbalist in Fes, Morocco

Ali Amine Zeggwagh, Younes Lahlou, et Yassir Bousliman

 

-Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (Afssa). Avis relatif sur l’emploi de la crannberry/canneberge […]. 14 Juin 2007 : 3 pages

 

-Evid Based Med 2003;8:153 Therapeutics Review: herbal medicinal products seem to be effective and safe in non ulcer dyspepsia in Aliment Pharmacol Ther 16, 1689. Thompson Coon J, Ernst E.. Systematic review: herbal medicinal products for non-ulcer dyspepsia (2002).

 

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-Passiflora for anxiety disorder   Lincoln Sakiara Miyasaka , Álvaro N Atallah , Bernardo Soares -Cochrane Common Mental Disorders Group – 24 JAN 2007

 

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-Cranberries for treating urinary tract infections Ruth G Jepson, Lara Mihaljevic, Jonathan C Craig – Cochrane Kidney and Transplant Group – 26 OCT 1998

 

-Ginkgo biloba extract for age-related macular degenerationJennifer R Evans – Cochrane Eyes and Vision Group – 31 JAN 2013

 

-Chinese herbal medicine for primary dysmenorrhoea Xiaoshu Zhu, Michelle Proctor, Alan Bensoussan, Emily Wu, Caroline A Smith – Cochrane Gynaecology and Fertility Group – 23 APR 2008

 

-Aloe vera for prevention and treatment of infusion phlebitis Guo Hua Zheng 1,*, Liu Yang 2, Hai Ying Chen 3, Jian Feng Chu 4, Lijuan Mei 4 – Cochrane Vascular Group – 4 JUN 2014

 

-La Revue Prescrire : Guide des interactions médicamenteuses 2016

 

-La Revue Prescrire : Pellargonium : atteintes hépatiques graves Juin 2012/tome 32 N°344

 

-La Revue Prescrire : Crannberry et infections urinaires Mars 2008/Tome 28 N°293

 

-La Revue Prescrire : Millepertuis et états dépressifs Août 2007/ Tome 27 N°286

 

-La Revue Prescrire : Phytothérapie en France: utilisation fréquente. Juillet 2008/ Tome 28 N°297

 

-Bruneton J “Pharmacognosie. Phytochimie, Plantes médicinales” 4e éd., EM Inter / Lavoisier Tec & Doc, Paris 2009 : 1 270 pages

 

– A Review of the Potential Forensic Significance of Traditional Herbal Medicines    Roger W. Byard Journal of Forensic Science January 2010, Vol.5, No. 1, cité dans http://www.docbuzz.fr/2010/02/21/123-les-plantes-medicinales-peuvent-etre-mortelles/

 

 

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