NEVROSE SYSTEMIQUE : LA FRANCE MALADE, MAIS CE N’EST PAS QU’INFECTIEUX

Une année 2020 mal engagée

Depuis maintenant 8 mois, notre société est confrontée à un nouveau micro-organisme. Il appartient à une famille de virus bien connue. Les coronavirus sont les agents responsables du rhume. Néanmoins, les spécificités du SARS-Cov2 sembleraient en distinguer le caractère pathogène. Son développement épidémique, puis pandémique, n’a pas été anticipé par nos infectiologues. Son impact sur nos sociétés dites « industrialisées » dépasse les prédictions les plus pessimistes. Une crise sanitaire sans précédent se confirme en Europe. Il reste néanmoins encore difficile de déterminer si la gravité de ce phénomène écologique repose plus sur l’action directe du SARS-Cov2 lui-même, ou sur la sur-réaction de notre société face à lui. La nature de la tragédie sera-t’elle vraiment infectieuse, ou bien plutôt économique, psychologique, voire sociale ?

Notre quotidien semble désormais se construire autour des stratégies adaptatives, préconisées jour après jour par nos responsables politiques. Eux-mêmes s’appuient sur un conseil scientifique composé de professionnels de santé sélectionnés pour leur expérience. Difficile de critiquer leur action tant cette tâche se révèle ingrate et compliquée. Il s’agit de savoir comment réagir dans l’urgence, face à un ennemi dont on précise peu à peu la nature. Cela impliquerait de tenir compte des multiples facettes d’une problématique systémique hautement complexe. Difficile quand on sait que l’homme apeuré a plutôt instinctivement tendance à restreindre son attention sur le point d’où il croit percevoir l’imminence du danger.

Des facteurs de stress environnementaux qui perdurent depuis 8 mois

Stade 1 Pas de printemps pour Marianne

En Mars dernier, décidé pour freiner l’épidémie, le premier confinement a engendré de nombreux effets collatéraux. S’ils se manifestent dans différents domaines, beaucoup ont été observés en Santé Mentale.

Il y a des points encourageants. D’une manière générale, les individus semblent avoir fait preuve de ressources adaptatives insoupçonnées. Ils ont consenti à’une restriction brutale de leurs libertés élémentaires, dès lors qu’elle présentait un sacrifice indispensable, mais transitoire.

On a pu déplorer: des ruptures de suivis psychologiques, des décompensations de troubles chroniques, une augmentation des suicides et des comportements addictifs. Des articles scientifique évaluent ces indices de détérioration de la santé mentale des français. Certains sont en cours de publications. On ne peut pas encore chiffrer précisément l’intégralité des conséquences sanitaires, sociales et économiques du confinement généralisé. Les mois et les années à venir seront probablement nécessaires pour déterminer la balance coût/bénéfice des mesures prises.

Sur le plan psychologique, le confinement a probablement permis de rassurer de nombreux citoyens. Peut-être a-t’il permis d’éviter des mouvements de paniques.

Comme pour d’autres spécialités médicales, la continuité des soins psychiatriques a néanmoins été mise à mal. Cette période a contribué à déstabiliser certains équilibres psychiques précaires.

 

Stade 2 Un Été (peu) meurtrier

Contrairement aux idées reçues, le déconfinement de Mai est loin d’avoir été décomplexé. Pas plus libérateur. Il s’est manifesté sous forme d’un étrange « entre deux » empreint d’ambiguïté. Certes, le décompte quotidien des morts a disparu des écrans. Mais il a été immédiatement remplacé par une autre comptabilité anxiogène : celle des tests PCR positifs.

Le déroulement de l’Été 2020 reste bien loin du relâchement total et inconséquent, censé prouver la culpabilité des vacanciers sur la récurrence épidémique actuelle. « Il faut siffler la fin de la récréation », ont scandé certains intellectuels dès la rentrée de Septembre. Force est de constater que ceux-là ont perdu leurs souvenirs d’enfance et oublié ce qui faisait la richesse des précieux temps de récréation.

 Non, l’Été n’a pas été marqué par un « retour à la normale ».

Les plus résilients l’auraient-ils souhaité, il était impossible d’ignorer que la menace d’une seconde vague planait encore. Les masques restaient de rigueur. Les gels hydro-alcooliques constituaient un précieux sésame – rituel préalable à l’entrée dans les commerces. Nombreuses boutiques de prêt-à-porter n’autorisaient pas l’essayage des vêtements potentiellement contaminables/és. Appliquée plus ou moins consciencieusement, la distanciation sociale restait partout de mise. Le risque représenté par la désormais répréhensible « proximité interpersonnelle » hantait les esprits. « Ne vous approchez pas trop. Mettez le masque. Utilisez un siège sur 2. » Quiconque a eu l’audace d’éternuer sur la plage a pu constater que quelque chose d’inhabituel était perceptible dans le regard de ses voisins de serviette.

Le complexe des chanceux déconfinés a d’ailleurs été régulièrement nourri par l’annonce quotidienne du chiffre des nouveaux maladestests PCR positifs. L’absence de décès importait peu.

Le gouvernement avait (enfin) entériné l’utilité des campagnes de dépistage. On a donc constaté la multiplication de centres de prélèvements de proximité et autres « drive-in PCR » sur le territoire. Après avoir rechigné à dépister les malades, il était désormais permis de tester gratuitement les français – avec ou sans symptôme. C’est ainsi, qu’à défaut de décès, les médias ont pu nourrir leurs titres accrocheurs par le nouvel indice d’évaluation de l’épidémie : les tests PCR positifs. Le conseil scientifique pu défendre l’efficacité du confinement total (quasi-plus de décès à déplorer) tout en continuant à nous tenir en haleine (le virus circule toujours).

La fameuse seconde vague nous a ainsi été annoncée régulièrement : pour la fête de la musique de Juin, pour les manifestations du 14 Juillet, pour les congés du mois d’Aout

L’automne approchant, la saisonnalité du SARS se confirma. Le nombre de personnes réellement malades du Covid-19 montra (enfin) une ré-augmentation significative.

 

En fait, notre société est restée en apnée pendant 8 mois.

Ceux qui croyaient à une liberté retrouvée ont été brutalement rappelés à l’ordre par une triste réalité : le virus n’a pas disparu. Ceux qui voyait le danger omniprésent se sont vus confirmer que leurs craintes étaient fondées. Insidieusement, il leur est d’ailleurs soufflé que leurs semblables trop optimistes porteraient la responsabilité de l’actuel second épisode épidémique. Une sorte de punition divine pour avoir eu l’outrecuidance de « revivre ».

Devant cette résurgence des cas de COVID-19, les autorités ont dû prendre une nouvelle mesure « forte ». Pas question de répéter (immédiatement ?) l’erreur commise en Mars dernier. Nos dirigeants ont alors préparé un confinement « light ». L’objectif louable était probablement de moins affecter la vie des citoyens. De rendre les contraintes plus acceptables tout en rassurant les esprits. Pourtant, nous observons dès à présent un effet inverse à celui recherché.

 

Stade 3 La tant attendue seconde vague : légende d’Automne?

Cette nouvelle restriction partielle survient alors que les individus manifestent un état d’épuisement psychique. L’hétérogénéité des mesures augmentent le sentiment d’incohérence et d’injustice pour les plus lésés. Les corrections apportées au coup par coup détériorent la confiance des citoyens. Impossible de se sentir en sécurité tant le pouvoir exécutif parait hésitant et maladroit.

Entre autre, le maintien de la scolarité en présentiel tout en imposant le port du masque aux plus jeunes élèves, dès 6 ans, envoie des signaux contradictoires effrayants pour le corps enseignant. Cette mesure irréaliste, considérée comme inutile par nombre de spécialistes, illustre l’ambivalence de ce semi-confinement, espéré plus acceptable car moins strict. Peu importe que les restrictions soient moindres, si les arguments sont contradictoires. Le gouvernement a peut-être omis que l’esprit humain conserve un besoin de sens, même en situation de d’anxiété intense. La même peur qui avait permis d’obtenir la docilité du peuple, l’encourage désormais à douter de la fiabilité des mesures. Un sentiment d’insécurité plus important qu’en Mars dernier gagne la population. L’effet de groupe, qui avait permis d’entériner la décision brutale du premier confinement, pourrait céder la place à une désunion et à un individualisme dangereux pour tous.

Nous observons des effets désastreux sur la qualité des relations interpersonnelles, l’émergence d’antagonismes entre les membres d’un même cercle amical, d’une même corporation, d’une même génération. Le lien d’attachement établi entre la population et ses élus est en passe de connaître la même détérioration.

 

 

Impact sur les suivis psychiatriques

Quotidiennement, les consultations psychiatriques permettent de mesurer auprès des patients, les répercussions de tous ces facteurs de stress environnementaux. Jusqu’à présent, le thème du Covid-19 se contentait d’être omniprésent, mais pas exclusif, dans le déroulé des entretiens. La décision de reconfinement vient, plus encore, perturber l’exercice des soins psychiques.

Les messages provenant de patients se multiplient : Est-ce que les consultations sont maintenues ? Vais-je me faire contrôler ? Le malaise des soignants est palpable : Est-ce que je mets en danger « mes semblables » en maintenant mes consultations au cabinet ?

Autant de préoccupations pratiques qui viennent parasiter le cadre des consultations. Des inquiétudes inutiles face à des vulnérabilités intimes censées être prioritaires dans la prise en charge de nos patients. Leurs difficultés individuelles, leurs troubles particuliers, leurs histoires de vie sont relégués au second plan.

Le sujet du reconfinement envahit cette fois l’intégralité du contenu des consultations. Il occulte les thèmes plus singuliers que le patient aurait exposés durant un entretien classique. Imaginez qu’un cardiologue ne parvienne pas à ausculter son patient car débordé par les légitimes questions posées par celui-ci sur la situation sanitaire que traverse le pays. Voici la dérive qui s’observe malgré les vaines tentatives de recentrer l’échange sur les raisons pour lesquelles le patient consulte initialement.

 

D’une manière générale, on retrouve les mêmes plaintes exprimées par nos patients :

  • Entrave aux relations humaines.
  • Aggravation d’une hypocondrie préalable.
  • Épuisement provoqué par l’impression d’un éternel recommencement depuis le mois de Mars.
  • Peur d’un avenir aussi incertain sur le plan sanitaire qu’économique.
  • Incompréhension nourrie par la délivrance d’informations contradictoires, par l’observation des querelles audiovisuelles entre spécialistes, par le recueil d’injonctions paradoxales.
  • Culpabilisation nourrie par des campagnes de prévention « choc » censées tirer leur impact dans la (sur)responsabilisation du citoyen lambda.

Le sentiment d’isolement se trouve aggravé, même chez des personnes dont le quotidien ressemble déjà depuis longtemps à une certaine forme de confinement. Beaucoup s’en étonnent d’ailleurs.

 

De façon particulière, la perturbation de tout un éco-système provoque des répercussions spécifiques sur les troubles sous-jacents de chaque patient.

  • Anxiété

Ceux qui souffrent d’anxiété généralisée se trouvent dépassés par une réalité qui alimente leurs propres distorsions cognitives. L’environnement se confirme hautement insécurisant. Subitement, les informations qui leurs sont délivrées (sinon assénées) quotidiennement ne plaident pas pour le caractère excessif de leurs émotions. La thérapie les encourageait à observer la relation à la peur, « normale », entretenue par leur cercle social. Désormais, ce qu’ils entendent autour d’eux dépasse parfois leur propre disproportion. Impossible de trouver de stimulus neutre rationnel pour contrer les scénarii catastrophes qui les assaillent. Le chaos est présent sur toutes les chaînes. Dans tous les discours. Ceux qui tenteraient de nuancer le caractère apocalyptique sont taxés de complotistes ou (dis)qualifiés de rassuristes.

Les exercices thérapeutiques utilisés pour le trouble panique agoraphobique et/ou la phobie sociale, ont bien du plomb dans l’aile… Comment poursuivre les expositions aux sorties, aux interactions sociales, dans ce contexte dénaturé ? De fait, l’interruption des protocoles en cours s’impose. A l’instar du précédent confinement, il y a un risque majeur de perte des améliorations acquises au prix de plusieurs mois de thérapie.

  • Dépression

Impossible d’élaborer les stratégies cognitivo-comportementales de lutte contre la dépression. « L’ici et maintenant » devient peu engageant. Le futur est vécu comme péjoratif pour tous. Les sources de loisirs/plaisirs sont devenues inaccessibles. Notre société semble avoir oubliée que ces notions ne sont nullement superflues ni futiles, mais contribuent bel et bien à un équilibre fondamental. Le bien-être est une denrée de première nécessité, bien plus précieuse que le papier toilette, et au-delà de la simple absence de maladie. Les messages publicitaires vantant le confinement et fustigeant ceux qui y dérogeraient, sont antagonistes à la lutte contre le cercle vicieux du repli dépressif.

  • Addictions

Le traitement des addictions est compliqué par la restriction d’accès aux activités alternatives. Le processus d’automédication par l’alcool et le tabac est plus que jamais vécu comme salvateur. L’accessibilité aux substances illicites est perturbée avec l’induction de sevrages brutaux et contraints, dans un contexte déjà anxiogène.

  • Les patients présentant des troubles du spectre autistique

Les codes sociaux sont perturbés par la crise sanitaire. Une épreuve supplémentaire pour les patients qui tentaient de se les approprier. La dissimulation des expressions faciales sous un masque complique plus encore une compréhension de l’autre et des échanges interpersonnels déjà bien laborieux. Les troubles des interactions sociales contaminent peu à peu un peuple entier.

  • Trouble déficitaire de l’attention et troubles des apprentissages

Difficile d’imaginer que suivre un enseignement scolaire délivré par un.e instituteur.trice masquée ne vient pas interférer sur les capacités attentionnelles et les apprentissages. Les orthophonistes alertent pendant que des « rassuristes » banalisent.

  • Troubles psychotiques.

Des psychiatres hospitaliers décrivent une survenue plus fréquente des premiers épisodes psychotiques dans ce contexte sanitaire perturbé. Les mesures sanitaires diminuent plus encore un nombre de lits hospitaliers en psychiatrie, déjà connu pour son insuffisance chronique et ancienne.

  • Les démences séniles

Restriction des visites et des interactions sociales. Modification/raréfaction des activités qui veillaient à rythmer le quotidien et à stimuler la réflexion. Autant de détériorations de l’environnement de vie de nos aïeuls. Exposition à un risque accru de détérioration cognitive, de dépressions, voire syndromes de glissement chez ces populations âgées. L’isolement des séniors est censé éviter le raccourcissement de leur existence. On peut raisonnablement craindre qu’il accélère certaines fins de vie par un hygiénisme déshumanisant, décidé « pour leur bien ».

 

 

 

Le devoir des soignants n’est pas que d’alarmer.

Cadre de soin

Nos patients ont besoin d’un cadre de soin stable et sécure. Il n’est possible que par une primordiale continuité des soins.  Elle ne doit jamais être remise en question. Aucun signal ambigu ne doit être émis quant au maintien des consultations médicales. Il semble que l’erreur commise lors du premier confinement ait servi de leçon sur ce point précis.

Conserver la raison

De même, il est indispensable que les soignants gardent leur sang-froid. On a éclaré que les professionnels de santé étaient « envoyés au front ». Qu’ils faisaient face à un péril contre lequel ils n’étaient pas armés. Ce fut un signal catastrophique et irresponsable. Comment engendrer une mutinerie ? Comment s’assurer de bien perdre « la guerre » ? Ces propos tendent à démobiliser lesdits soignants tout en insécurisant les patients. Rien n’empêche de dénoncer le manque de moyen des services hospitaliers depuis de nombreuses années. Pas besoin de laisser croire que la saturation des lits de réanimation est un phénomène inédit, uniquement due au SARS-Cov2.

Informer objectivement

En tant que soignants, il est de notre devoir de rappeler des données objectives. Celles-ci sont en accès libre via les sites officiels de Santé Publique France, l’Insee, ou l’Agence Régionale de Santé. Il suffit de prendre connaissance des chiffres sans idéologie préalable. Il faut un recueil global des différentes informations, et surtout les comparer dans le temps. Pas besoin de complotisme pour apporter un peu de nuance aux informations alarmistes assénées par les médias : 90 % des personnes décédées ont plus de 65 ans, 90 % des personnes admis en réanimation avec COVID-19 présentaient des comorbidités, le taux de létalité supposé du SARS-Cov2 paraît se confirmer autour de 0,5 % (0,04% chez les 25-29 ans, 0,06% chez les 30-39 ans, 0,10% chez les 40-49…). Le taux de mortalité en réanimation a baissé de façon significative avec l’amélioration de la prise en charge des cas graves : oxygénothérapie, corticothérapie, anticoagulant, […]

Conseiller

Il est également de notre devoir de rappeler quelques éléments de rationalité : le virus n’attaque pas une personne qui marche seule dans la rue. Il ne pénètre pas par voie « transcutanée ». Des règles simples de lavages de mains sont efficaces. Se protéger des éventuelles gouttelettes salivaires propulsées par un individu indélicat paraît une bonne mesure (comme pour tous les virus ORL).

Pour qu’il y ait contamination indirecte par contact avec une surface contaminée, il faut une chronologie d’événements précis dans un laps de temps réduit : un individu malade crache sur une surface, PUIS vous passez derrière lui, sur un laps de temps suffisamment court pour que le virus survive sur ladite surface, PUIS  vous la touchez de façon suffisamment appuyée pour qu’un nombre suffisant de micro-organismes se répandent sur vos doigts, PUIS vous portez vos doigts à votre bouche ou à vos yeux, PUIS une quantité de virus suffisante pénètre pour vous infecter …

Préciser cette indispensable succession d’étapes factuelles constitue l’analyse fonctionnelle de la peur d’être contaminé. On l’effectuerait ainsi dans la psychothérapie d’un TOC de contamination. L’aspect insolite réside ici dans le fait que ce TOC de contamination concerne une société toute entière !

Il n’est pas question de nier le risque réel de contamination, mais d’oser s’en tenir à des mesures simples et à l’efficacité prouvée. Pêcher par excès n’est pas aussi anodin qu’on veut bien le laisser croire. Cela induit une contamination psychique à combattre avec autant de ferveur que Monsieur Véran en déploie pour sensibiliser les députés aux décès dont il semble découvrir la survenu dans les hôpitaux visités.

 

 

 

 

Un TAG national ? Et après ?

Un trouble anxiété généralisée…généralisé

Reprenons les caractéristiques cliniques du trouble anxiété généralisée.

Le TAG se caractérise par la présence d’inquiétudes et d’anxiété excessives et chroniques. Le souci est le symptôme central du TAG :  préoccupation qui  trouble jusqu’à la souffrance morale.

Illusion de contrôle

Le souci et ses comportements associés procurent une illusion de contrôle sur l’environnement et ses dangers supposés. On trouve en général chez elles de nombreuses croyances concernant l’utilité du souci :

« Si je ne m’inquiète pas suffisamment, il va m’arriver malheur. »

Intolérance à l’incertitude

L’intolérance à l’incertitude est un élément clé chez les personnes souffrant de TAG. Il s’agit d’une tendance excessive de l’individu à considérer comme inacceptable la possibilité, si minime soit elle, qu’un évènement négatif incertain survienne. Pour l’être humain, mieux vaut construire une hypothèse explicative et des prédictions sans fondement que de rester dans l’inconnu. On va privilégier des scénarii catastrophes en croyant s’en préserver. Parfois, cette illusion de protection induit elles-mêmes les prévisions tant redoutées. Elles sont devenues ainsi auto-réalisatrices….

Patatrac

Les mécanismes d’une réponse conditionnée par la peur (indispensable pour la préservation de l’espèce) deviennent alors dysfonctionnels et contre-productifs. A regarder fixement le bonhomme vert du feu de circulation, en traversant la rue, j’ignore l’obstacle qui traîne sur le sol. Je chute sur le sol et me blesse.

Au-delà d’une certaine intensité, l’émotion inhibe la pensée rationnelle. Les techniques de restructuration cognitive deviennent inopérantes. Les messages d’alarme continuels émis par les instances sanitaires et relayés par les médias viennent renforcer les pensées automatiques catastrophistes. La peur ne permet pas une analyse rationnelle de la situation.

Interdiction des activités de bien-être.

Pas de randonnée dans la montagne. Vous n’irez pas à la plage. Interdit de faire du sport collectif, même en extérieur (sauf si à but lucratif !).

L’heure symbolique laissée à disposition des personnes ne peut compenser une réduction de leur quotidien au cycletravail/repas/sommeil.

Peut-on parler de décision « sanitaire » ? Comment prétendre ainsi préserver des vies ? Est-on devenu tellement indigent que l’on considère désormais les sources de plaisirs/détentes comme superflues pour la santé ?

Autant acter d’ores et déjà qu’un recours médicamenteux généralisé est indispensable et inévitable. J’engage tous mes confrères à opérer une prescription de sérotonine à la France entière (tant que notre ministre ne nous en interdit pas encore la prescription).

 

Et après ?

Les conséquences à venir ne restent qu’hypothétiques. Il est impossible de prédire l’avenir. Néanmoins, les situations extrêmes traversées par d’autres populations ou d’autres générations nous offrent des modèles dont on semble n’avoir tiré aucun enseignement.

Des vagues de stress post-traumatiques sont très probables.

Quand des bombes pleuvent sur des civils, il est difficile de les soustraire au sentiment d’insécurité et de panique. Ici, le facteur de stress est invisible, inconnu. L’évaluation de sa gravité demeure imprécise. Le traitement de l’information en déterminera le caractère anxiogène et le potentiel traumatique.

Il sera alors temps d’évaluer si c’est le SARS-COV-2, lui-même, ou bien les décisions politiques prises pour préserver la santé publique, qui ont engendré les conséquences psychiques actuelles.

Il est certes difficile de prédire avec certitude l’impact de cette crise sanitaire dans les mois et années à venir. On peut néanmoins d’ores et déjà acter que le discours tenu par nos autorités, et relayés par les médias à grand renfort de titres accrocheurs, auraient difficilement être plus pourvoyeurs de stress.

 

 

 

Que peuvent faire les psychiatres de ville dans leurs cabinets ?

Tout comme les autres acteurs de santé, les psychiatres vont donc devoir tenter de limiter l’influence du stress environnemental sur leurs patients. Le temps passé à préserver de la névrose nationale ne pourra l’être pour traiter les troubles initiaux, particuliers à chaque patient. Enfin, nul ne pourra traiter la décompensation psychique du peuple dans son ensemble.

Ceux qui auront participé à ce chaos se retrancheront inévitablement derrière le fameux Principe de précaution. Son usage dénaturé ne pourra cependant pas être recevable. Celui-ci aurait dû avant tout respecter un principe fondateur : l’absolue nécessité de ne pas appliquer de mesure avant de s’être assuré de sa balance bénéfices/risques. Avant d’avoir évalué son innocuité (ou sa tolérance acceptable), on ne prescrit pas un traitement. La peur, attisée par une propagande hygiéniste, affecte significativement la santé. L’organisme agressé secrète des surdoses d’adrénaline et de cortisol. Elles présentent une toxicité bien supérieure à la prescription de 5 jours d’hydroxychloroquine. Les discours d’Olivier VERAN pourrait ainsi avoir un effet bien plus délétère sur la santé psychique d’une population toute entière, que la supposée cardiotoxicité du protocole de l’IHU de Marseille.

Les soignants ont oublié le Primum non nocere.

Face au doute, les dirigeants ont omis de s’abstenir.

Notre ministre de la santé a réussi l’exploit de cumuler ces 2 erreurs.

 

David ESFANDI Psychiatre-Addictologue

Bordeaux

2 Comments

  1. Frédérique Evenou ep. chiche | | Répondre

    Il serait temps de restaurer la notion de Droits Sacrés de l’Humanité, allègrement ignorée par l’interdiction de voir sa famille et ses amis.

  2. PAVIC | | Répondre

    Merci infiniment Docteur d’avoir publié cet article criant de vérité !
    Les discours anxiogènes nous tétanisent et ce climat va finir par générer une psychose généralisée de la population….On va tous devenir fous ! A croire que c’est ce qu’ils cherchent !
    Ma soeur traitée pour bipolarité depuis 40 années avait enfin réussie à être stabilisée et n’avait pas été hospitalisée depuis de nombreuses années.Aujourd’hui,elle rechute et l’intensité de sa décompensation nécessite une admission en urgence à la clinique psychiatrique du Golfe à Vannes.Elle vit seule en Bretagne.ses filles demeurent très loin de chez elle et moi à 78 ans j’habite à Lille.
    Je vais aller la voir en TGV dès que j’aurai le feu vert du Psychiatre qui va la suivre. je suis moi même bipolaire et je connais la souffrance de cette pathologie qui peut conduire au suicide quand on est isolée
    comme c’est son cas actuellement.En résumé,ce serait très souhaitable que beaucoup de personnes prennent connaissance de vote article à commencer par Mr Véran notre Ministre actuel de la santé.
    Très cordialement.

    Anne Marie PAVIC (59223 RONCQ)

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