Apprenons aux enfants à avaler la pilule !

Gouttes, comprimés, suppositoires, ou autres… Pour beaucoup le mode d’administration d’un médicament importe peu… seul le principe actif serait à considérer.

Des pédiatres britanniques viennent pourtant de publier un article dans le British Medical Journal afin de plaider pour les gélules, pilules et autres comprimés. Selon eux, ces formes galéniques présenteraient de nombreux avantages pour la prise de médicaments par les enfants. Ils développent dans leur texte les arguments sur lesquels reposent leur engagement pro-comprimé !

Pourquoi apprendre à avaler des pilules est bon pour les patients, les parents et la planète

Professionnels de santé et parents pensent souvent que les gouttes constituent la meilleure forme d’administration médicamenteuse pour les enfants. Pourtant, passer du liquide aux comprimés serait préférable. Plus sûre, plus rentable, mieux tolérée pour les patients, plus pratique pour les soignants, la pilule réduirait également l’empreinte carbone de la prescription.

Pourquoi il faut changer les habitudes ?

Préserver l’environnement

Les médicaments et les produits chimiques représentent 25 % de l’empreinte carbone liée à l’activité médicale britannique. Peu d’études d’impact environnemental comparent les solutions buvables aux comprimés. Néanmoins, les preuves disponibles suggèrent que les pilules ont une empreinte carbone inférieure à leurs équivalents liquides.

Une analyse, menée en Inde, a révélé que l’empreinte carbone de la production de comprimés de paracétamol est 15 fois inférieure à celle d’une dose équivalente de liquide.

  • Les pilules sont généralement présentées dans des conditionnements plus petits et plus légers que les liquides. Leur transport demande moins de place dans les camions. Les emballages génèrent moins de déchets.
  • Les liquides nécessitent généralement des pipettes ou des doseurs. Cela contribue à l’augmentation des déchets plastiques.
  • Les pilules ont une durée de conservation plus longue. Elles peuvent être conservées hors du réfrigérateur. Il en découle une réduction en besoins énergétiques pendant leur utilisation. Il y a moins de risque de gaspillage pour raison de conditions de stockage inadéquates.
  • Les tablettes de pilules peuvent être divisés pour distribuer un nombre spécifique de doses, tandis que la forme liquide se présente dans des flacons entiers. Ainsi, les doses excédentaires provenant de prescriptions brèves (telles que les antibiotiques) sont souvent gaspillées.
  • Pour les prescriptions à long terme, les pilules peuvent être délivrées en plus grande quantité que les liquides. Cela limite le nombre de déplacements des patients vers et depuis la pharmacie.
Economie et efficacité

Le passage des médicaments liquides aux pilules présente également des avantages en termes de coût, de sécurité et d’observance.

  • Dans une étude américaine portant sur 150 ordonnances pédiatriques, un tiers des enfants âgés de 5 ans et plus sont sortis de l’hôpital avec des médicaments liquides. Le passage aux pilules aurait permis d’économiser 436 $ par ordonnance et environ 200 000 $ sur les prescriptions annuelles.
  • Un essai mené aux États-Unis auprès de 2110 parents a révélé que >80 % d’entre eux ont commis au moins une erreur de dosage toutes les 9 délivrances de médicaments liquides à leurs enfants. 21 % des parents ont commis au moins une erreur de dosage importante (plus de deux fois la dose prévue). Même parmi les professionnels de la santé expérimentés, Les erreurs de dosage des médicaments sont plus fréquentes avec les liquides qu’avec les pilules.
  • Les liquides peuvent également être associées à une moins bonne observance. Une petite étude menée aux États-Unis auprès de 23 enfants HIV + a révélé une amélioration de l’observance thérapeutique six mois après le passage aux comprimés. Les médicaments liquides peuvent avoir mauvais goût. Ils contiennent du sucre, des colorants et des agents de conservation pour améliorer la saveur ou leur texture et leur durée de conservation. Ces additifs augmentent le risque de caries dentaires et d’érosion. Le goût amer en médecine était la deuxième raison la plus fréquemment citée pour expliquer la non-observance de l’antibiothérapie à court terme dans une étude par questionnaire portant sur 414 patients en Arabie saoudite.
  • En outre, il y a peu de liquides à libération prolongée. Cela implique une augmentation du nombre de prises. Enfants, parents et enseignants doivent redoubler d’efforts dès lors que plusieurs doses sont nécessaires pendant la journée scolaire.

Une stratégie qui fonctionne

On peut apprendre très tôt à avaler des pilules. Cela permet d’améliorer l’expérience des enfants mais aussi de leurs parents. En outre, cela favorise l’observance des médicaments à l’âge adulte. Les enfants ayant une déglutition normale peuvent apprendre avec succès à avaler des pilules à partir de 4 ans. Les professionnels de la santé peuvent proposer une formation à la déglutition des pilules aux enfants et aux adultes lorsque cela est nécessaire.

Un projet britannique d’amélioration de la qualité des soins a utilisé un module de formation interactif avec une vidéo en ligne et une bande dessinée pédagogique pour fournir une formation sur la pilule aux enfants fréquentant des cliniques néphrologiques. Vingt et un enfants âgés de 5 à 15 ans ont été convaincus de passerr des liquides aux pilules en trois mois. Cette seule période équivaut à une économie de 46 588 £ par an.

L’impact carbone exact du passage des liquides aux pilules n’a pas encore été calculé. Il constitue un domaine de recherche qui soutiendrait l’évolution vers des pratiques de prescription plus durables.

Comment agir ?

On peut commencer l’apprentissage de la pilule dès l’âge de 4 ans chez les enfants qui n’ont pas de difficultés de déglutition.

À notre avis, il faudrait interroger les patients de tout âge sur leur capacité à avaler des pilules. A partir de 10 ans, les enfants devraient se voir prescrire des comprimés en systématique.

Les enfants et les jeunes atteints de maladies chroniques qui prennent quotidiennement des médicaments au long cours (par exemple, l’épilepsie ou la mucoviscidose) ou qui ont besoin de traitements prolongés d’antibiotiques oraux désagréables (par exemple, dans l’ostéomyélite) tireront particulièrement bénéfice en apprenant à ingérer les comprimés.

Certains pays ont développé des moyens spécifiques pour faciliter la déglutition des pilules. L’une d’elles au Royaume-Uni se nomme KidzMed, une technique en six étapes fondée sur des preuves, illustrée par des vidéos.

Comment apprendre à un enfant à avaler les comprimés

Les médecins peuvent l’enseigner aux patients lorsd d’hospitalisation ou expliquer aux parents comment procéder à l’administration des pilules à la maison.

  1. Trouver un endroit confortable et calme.
  2. Laisser l’enfant décider du liquide qui lui convient.
  3. Commencer en essayant avec les plus petites pilules ou granules.
  4. Place le granule de sucre ou la gélule au milieu de la langue.
  5. Prendre 3 gorgées liquides.
  6. Essayer avec d’autres type de pilules ou granules en suivant les mêmes étapes (dites « la suivante » et non « la plus grosse ».

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