SANTE, APPROXIMATIONS et MASS-MEDIAS … plus à un POINT près !

Tout commence par un ouvrage littéraire, qui a toutes les chances de se trouver rapidement en « gondole d’honneur » des rayons librairie de nos hypermarchés préférés. Un dénommé Scott Stossel vient de publier un traité au sujet d’une maladie d’actualité: l’ANXIETE. L’auteur nous y ferait part de son expérience, de son vécu, de son combat face aux affres du stress et autres phobies. Il nous y promettrait des solutions pour « Mater son anxiété ».

C’est sous ce titre que le magazine Le POINT, dans son numéro du 11 Février 2016, nous présente le Best Seller américain, dénommé … « ANXIETE » ! Malheureusement pour les lecteurs de l’hebdomadaire, dans l’article « Pour en finir avec l’anxiété »,  la journaliste Violaine De Montclos n’a manifestement pas la volonté d’interroger la validité des propos tenus par l’auteur du précieux guide thérapeutique. Comme le laisse supposer une première de couverture sans ambiguité – « Les méthodes validées par les scientifiques » –  la fiabilité des propos tenus par l’auteur ne souffre aucune remise en question.

Internet voit ensuite fleurir, via des blogs spécialisés, des Revues de Presse, qui font écho à l’article du POINT. Les-dites Revues de Presse auront-elles, cette fois, comme objet d’offrir une analyse critique de l’ouvrage de Stossel ? de l’article  de Madame De Montclos ? Là encore: déception. Ils se contentent pour la plupart de résumer l’ouvrage de référence, voire de paraphraser la journaliste. Comme elle-même s’était efforcée de retranscrire fidèlement les « enseignements » tirés du « Livre phénomène« (sic), on comprend bien vite que le sens critique n’est pas de la partie.

Choisirunmedecin.com en profite donc pour s’interroger sur le crédit véritable à attribuer au message révolutionnaire de l’éditeur américain, et par extension à l’introduction dithyrambique offerte par la journaliste française à l’interview de ce-dernier. Pour se faire, autorisons-nous une réflexion impie, puis livrons-nous à une (ébauche de) vérification de validité pour quelques une des précieuses informations: assénées dans le livre, validées par le mensuel national, puis relayées, sans réserve, par de nombreux sites numériques spécialisés.

 

Qui est donc Scott Stossel ?  L’auteur de cet ouvrage, censé nous faire découvrir comme nous allons désormais pouvoir « mater notre anxiété » ? Un psychiatre ? un médecin ? un psychologue ? un neurobiologiste ? un chercheur ? un anthropologue ? Que neni ! Monsieur Stossel est un journaliste-éditeur, homme d’affaire américain, et rédacteur en chef du magazine « The Atlantic ». « The Atlantic » ? un magasine de santé ? Encore perdu ! Ce mensuel ferait figure de référence dans les domaines… de la culture et de la littérature. La journaliste du POINT nous éclaire pourtant sur son curriculum vitae : « un écrivain américain […] diplômé de Harvard, auteur de plusieurs best-seller ». Quand Scott Stossel écrit 400 pages au sujet de l’anxiété, il semble donc tirer sa légitimité de 2 caractéristiques essentielles :

  1. tout d’abord, il possède un diplôme prestigieux. Il importe peu que son diplôme n’ait aucun lien direct avec le sujet traité dans son livre. Cet homme n’est pas n’importe qui, et sa parole devrait être écoutée avec plus d’attention que celle de l’individu « lambda ». Ce critère ne vaut probablement que pour le domaine de la santé. Si on considère les autres disciplines, l’évidence est moindre… La politique, par exemple, nous apprend chaque jour que nos ENArques ont beau être issus du même cursus élitiste, leurs avis n’en restent pas moins divergeants lorsqu’ils débatent à couteaux tirés des sujets de société… Les hautes études n’assureraient donc pas, pour tous, l’accès du diplômé à LA VERITE, unique et incontestable ?
  2. alors que le cursus universitaire, seul, ne suffit donc pas à valider le crédit accordé à Scott Stossel sur l’anxiété, on découvre dans l’article du Point, ce qui est probablement supposé conforter son statut de « spécialiste » : il serait, lui même, atteint de troubles anxieux ! «phobique social au dernier degré, insomniaque à ses heures, en proie aux pires somatisations…»(sic) Voilà donc le précieux sésame qui lui confèrerait légitimité pour s’exprimer sur le sujet.

Désormais, polytechniciens, centraliens et autres normaliens sont prévenus: leur quadruple pontage coronarien les autorisent désormais à écrire un Guide thérapeutique des techniques de chirurgie vasculaire !

 

De quoi parle-t’on précisément ? Après une rapide présentation de l’auteur du best-seller anglais, la journaliste du POINT cherche, à juste titre, à préciser la définition de l’anxiété. Et là… c’est le drame ! Un choc pour les médecins psychiatres, qui seraient lecteurs de cet hebdomadaire. Ils apprennent de la plume de Violaine De Montclos que le « D.S.M*, manuel qui sert désormais de bible à la majorité des psychiatres occidentaux, [permetrait] de tenter une définition assez pauvre : l’anxiété, ce sont les troubles qui peuvent-être soulagés… par des anxiolytiques »(sic). A cette lecture, le psy reprend alors nerveusement en main son « missel » et le feuillette frénétiquement… son exemplaire est-il un faux ? Comment expliquer cette affirmation de la journaliste, alors que son propre exemplaire du fameux manuel diagnostique semble au contraire proposer de classer les troubles anxieux au sein d’un groupe de plusieurs affections spécifiques, parmi lesquelles: le « Trouble Anxiété Sociale »*, le « Trouble Obsessionnel Compulsif »*, le « Trouble Panique avec/sans agoraphobie »*, le « Trouble Anxiété Généralisée »*, les Phobies Spécifiques »* et le « Trouble Stress Post-traumatique »* ? Plus étonnant encore, chacune de ces maladies particulières y est caractérisée par l’énumération de critères diagnostiques stricts, précis et restrictifs… Comble du toupet, aucun d’eux n’ose évoquer, comme condition sine qua non, le grotesque critère de soulagement par les anxiolytiques… D’ailleurs, aucun traitement médicamenteux n’est indiqué dans les phobies spécifiques ! (remarque: la 5ème édition du D.S.M vient de scinder le groupe des troubles anxieux par création d’une catégorie spécifique pour les T.O.C et le stress post-traumatique)

Dans le livre de Stossel, parle-t’on donc de l’anxiété, comme affection médicale définie par la médecine ? Ou l’ouvrage traite-t’il d’une conception plus globale de cette émotion, vécue parfois comme négative, à laquelle chacun de nous est confronté dans son quotidien, et qu’il paraît légitime de vouloir mieux maîtriser, mieux dompter dans l’espoir d’améliorer son confort de vie ? Une activité physique, raisonnable et régulière est d’un bénéfice certain pour la santé. Les troubles mentaux sont-ils pour autant du simple ressort de la promenade dans les bois® ?

 

Haro sur les médicaments ! Les anxiolytiques … médicaments sur lesquels les manuels de psychiatrie laisseraient donc reposer une grossière et inepte définition  de l’anxiété…  C’est au travers de cette unique famille pharmacologique et sous cet angle péjoratif unique que l’article du POINT évoque les médicaments. Rappelons tout de même que certains d’eux restent le principal recours, reconnu et validé, pour les troubles anxieux… On découvre alors que la timide journaliste, qui transpirait à l’idée d’entrer en contact avec un être aussi brillant que Scott Stossel pour son interview, a raté l’occasion de rendre un grand service à son idole !  Selon elle, l’illustre écrivain reconnaîtrait humblement ne pouvoir se soustraire à des prises, ponctuelles et épisodiques, de « Xanax® » lors de paroxysmes d’angoisse (ce, en dépit des recours aux diverses méthodes exposées dans son témoignage autobiographique). Quel dommage qu’il ne lui ait pas été mieux expliqué que, en dépit d’une dénomination impropre, les anxiolytiques ne sont pas les traitements de l’anxiété ! Cette famille pharmacologique (dominée par les benzodiazépines*) ne doit qu’être considérée comme une simple réponse symptomatique, immédiate mais temporaire, et non curative. Son recours peut être utile lors d’un épisode anxieux aigu, mais sa prescription ne devra pas dépasser 12 semaines ! Et oui, les benzodiazépines exposent aux risques de dépendance* et de tolérance*. Elles ont tendance à détériorer l’architecture du sommeil et à engendrer des effets indésirables gênants (troubles de la mémoire et somnolence…) Plus grave encore, des études récentes montreraient une augmentation du risque de troubles cognitifs dégénératifs chez les personnes exposées aux anxiolytiques à des doses importantes sur des périodes prolongées, au cours de leur vie. Les détracteurs de Big Pharma seront ravis de voir confortée leur (légitime) défiance envers des remèdes pharmacologiques tant décriés. Pourtant, il est raisonnable de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain (pardon, pour cette affreuse expression). Comme leur dénomination restrictive ne l’indique pas, les antidépresseurs sont, eux, les véritables traitements médicamenteux de l’anxiété. Ils bénéficient du niveau de preuve d’efficacité le plus élevé, en l’état actuel de nos connaissances. Oui, ces traitements, qui agissent sur la sérotonine (+/- noradrénaline) présentent un bénéfice confirmé pour la phobie sociale, pour l’anxiété généralisée, pour les attaques de panique, pour le stress post-traumatique et pour les troubles obsessionnels compulsifs. Non, les antidépresseurs ne sont pas des sédatifs. Ils n’entraînent pas de dépendance, ne sont pas efficaces avant plusieurs semaines d’usage et nécessitent leur maintien sur au moins 6 mois (pour réduire le risque de récidive du trouble traité). Ils ne sont pas des placebos et peuvent donc générer des effets indésirables dont il faut tenir compte. En outre, ils exposent les personnes bipolaires à un risque de « virage de l’humeur » (épisode maniaque induit)… Quel dommage que cette information fondamentale, médicalement valide mais médiatiquement peu sexy, ne soit même pas évoquée par l’ouvrage de Mister Stossel. Elle pourrait pourtant peut-être lui permettre de mettre un terme à ses auto-médications régulières par anxiolytiques ! Devant un tel manque de rigueur, n’espérons pas que soit abordé le bénéfice récemment démontré du prégabalin (Lyrica®), un anti-épileptique, sur l’anxiété généralisée et le syndrome de jambe sans repos… De toute façon, cela n’intéresserait pas les lecteurs…

 

Ce qui intéresse les lecteurs, ce sont les méthodes novatrices, alternatives, non conventionnelles… Celles qui permettent d’éviter l’ingestion des dangereux produits chimiques, celles qui bénéficient d’une image positivement bucolique, idéologique, voire spirituelle…

Alors, chiche ! Regardons de plus près la liste de ces séduisantes approches que reprend, point par point, le blog médical « anti-deprime.com » lorsqu’il paraphrase son grand frère généraliste de la presse nationale.

Si on se réfère à la Bibliothèque Cochrane*, et à quelques revues internationales de références, voici quelques éléments de réponse sur le crédit à accorder aux nouvelles approches mises en lumière par l’homme de presse anxieux, puis par les nombreux relais que sa corporation lui assure :

 

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-Les thérapies cognitives et comportementales (T.C.C) : « Les T.C.C individuelles (dont d’autres études ont démontré qu’elles ont un risque d’effets secondaires plus faible que la pharmacothérapie) sont associées à des effets bénéfiques significatifs importants. Ainsi, elles devraient être considérées comme le meilleur mode d’intervention pour le traitement initial du trouble d’anxiété sociale. » (Lancet Psychiatry, 2014) « Les T.C.C, les antidépresseurs sérotoninergiques et l’association des deux sont efficaces sur le trouble panique avec agoraphobie. » (Evidence Based Mental Health, 2010) « Les thérapies cognitives et comportementales basées sur le trauma (et l’E.M.D.R) sont plus efficaces sur l’état de stress post-traumatique (E.S.P.T) que les autres approches psychothérapiques. » (Cochrane, 2013) « La psychothérapie fondée sur les principes cogntivo-comportementaux est efficace pour réduire les symptômes d’anxiété dans le traitement à court terme de l’anxiété généralisée. » (Cochrane, 2007)  Enfin, les T.C.C ont prouvé leur efficacité sur les troubles obsessionnels compulsifs depuis de nombreuses années (American Journal of Psychiatry, 2007).

 

Remarque: il est important de ne pas réduire les T.C.C aux « confrontation aux peurs »… Il est plutôt question de permettre une désensibilisation via un travail cognitif qui vise la prise conscience par le patient des pensées automatiques dysfonctionnelles qui alimentent ses peurs, à lui faire observer les émotions excessives qui en découlent et lui permettre de ce ré-approprier certains comportements rationnels, abandonnés aux prix d’évitements. Les expositions (qui ne composent qu’une facette des T.C.C) devront être: volontaires, programmées, progressives, prolongées et/ou répétées, non confrontationnelles et totales …

 

 

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Eye movement desensitization and reprocessing (E.M.D.R) : « L’E.M.D.R est reconnu comme un traitement efficace du E.S.P.T au même titre que les T.C.C. » (Cochrane, 2013) Outre sur le E.S.P.T, l’E.M.D.R n’a prouvé pour l’instant aucun bénéfice spécifique sur les autres troubles anxieux.

 

 

 

mindfulness

-La méditation : « Le petit nombre d’études incluses dans cette analyse ne permet pas de tirer de conclusion sur l’efficacité de la méditation pour le traitement des troubles anxieux. La méditation transcendantale est comparable à d’autres types de thérapies de relaxation pour réduire l’anxiété, et  le Kundalini Yoga n’a pas montré une efficacité significative dans le traitement des troubles obsessionnels compulsifs en comparaison à la Relaxation / Méditation. Les taux d’abandon semblent élevés, bien qu’ aucun effet indésirable à la méditation n’ait été signalé. D’autres essais sont nécessaires. » (Cochrane, 2006)

 

Remarque: Si la méditation dite « Pleine Conscience » nourrit beaucoup d’espoir sur de multiples indications (trouble déficitaire de l’attention, gestion du stress, troubles douloureux chroniques…), c’est pour la prévention des récidives d’épisodes dépressifs que le niveau de preuve d’efficacité semble rester le plus grand.

 

 

phyto

-La phytothérapie : « Étant donné qu’une seule petite étude n’est actuellement disponible, il n’y a pas suffisamment de preuves pour tirer des conclusions quant à l’efficacité ou la sécurité de la Valériane ,comparée à un placebo ou au diazépam sur les troubles anxieux. Il faut d’autres études portant sur de grands échantillons et permettant la comparaison de la Valériane avec le placebo et/ou d’autres interventions utilisées pour traiter des troubles d’anxieux, tels que les antidépresseurs. » (Cochrane, 2006)  « Les études contrôlées randomisées portant sur l’efficacité de la Passiflore sur l’anxiété sont trop peu nombreuses pour permettre de tirer des conclusions. D’autres études du même type, sur de plus grands échantillons, sur l’efficacité de la Passiflore comparée avec un placebo et/ou d’autres types de médicaments, y compris les antidépresseurs, sont nécessaire. » (Cochrane, 2007)

 

 

ACTIVITE-PHYSIQUE-L’activité physique : Avant d’interroger la banque de donnée des publications internationales sur le sujet, autorisons-nous à mettre en doute l’accessibilité et la compatibilité de la pratique du sport aux patients atteints de troubles anxieux sévères… Le patient qui souffre d’un trouble panique (qui le confine à un repli strict à son domicile) risque fort d’être incapable d’appliquer les conseils hygiénistes de quelques thérapeutes holistiques, pourtant bien intentionnés… Limité à une pratique du vélo… d’appartement, l’hypothèse d’un effet thérapeutique salvateur s’en trouve probablement affectée. Pour les publications traitant du sujet: « Bien qu’il semble y avoir un petit effet en faveur de l’exercice dans la réduction des scores de dépression et d’anxiété dans la population générale d’enfants et d’adolescents, le petit nombre d’études incluses et la diversité clinique des participants, des interventions et des méthodes de mesure, limitent la capacité de tirer des conclusions. Il est observé peu de différence si l’exercice est d’intensité élevée ou faible. L’effet de l’exercice physique pour les enfants dans le traitement de l’anxiété et la dépression reste donc inconnu tant les bases de données probantes sont rares. » (Cochrane, 2006), « Aucune étude ne répondait aux critères d’inclusion. Plus de recherche reste donc nécessaire pour qu’une évaluation équitable puisse-t’être faite de l’efficacité du sport et des loisirs dans le soulagement des symptômes de stress post-traumatique. » (Cochrane, 2010).

 

 

pendule d-hypnose-L’hypnose : L’hypnose est d’un recours qui tend à se confirmer pour faciliter les inductions anesthésiques et pour le meilleur contrôle de certains type de douleurs. Néanmoins, des difficultés persistent pour mettre en évidence avec certitude son véritable intérêt dans la gestion d’un stress aigu ou même pour la réduction de l’anxiété anticipatoire inhérente à des situations particulières: accouchement imminent de la femme enceinte, appréhension des enfants avant un examen médical ou un soin dentaire (Cochrane, 2010 et 2012). Aucune information fiable, exploitable, ni extrapolable, n’est disponible sur un éventuel effet curatif de l’hypnose sur les troubles anxieux au long cours.

 

 

 

chakras

 

-Le Reiki : « Il n’y a pas suffisamment de preuves pour dire si, oui ou non, le Reiki est utile pour les personnes de plus de 16 ans souffrant d’anxiété, de dépression, ou des deux. » (Cochrane, 2015)

 

 

 

 

 

Biofeedback

-Biofeedback, jeux vidéo : Peu d’études fiables sont disponibles. Une étude contrôlée a été publiée pour la première fois récemment. Elle comparait le bénéfice d’un jeux vidéo spécifiquement créé pour permettre une diminution de l’anxiété chez des adolescents anxieux. Les résultats n’ont pas permis de mettre en évidence une différence significative avec le groupe témoin (qui jouait à un jeux vidéo « traditionnel »). Les auteurs encouragent pourtant le développement de nouvelles études de ce type afin de limiter les biais qui furent susceptibles de fausser les résultats. (PloS one, 2016)

 

 

Lorsqu’il s’agit de rechercher des études portant sur les effets de la sophrologie, la cohérence cardiaque, la méthode T.I.P.I, la communion avec « Dame Nature » et la psychologie positive dans le traitement des troubles anxieux, on passe du niveau médiocre des rares études collectées pour les méthodes précédentes… à la vacuité la plus totale… Il n’est nullement question de remettre en cause pour autant le bien-être procuré par une promenade à l’air pur, ni le confort de vie qui découlerait de l’application des principes de psychologie positive.

 

 

 

En conclusion : Bien qu’une hygiène de vie optimale reste hautement bénéfique pour le bien-être de tout individu, elle ne traite véritablement (jusqu’à preuve du contraire) que les personnes … non-malades. Tout au plus, peut-on lui promouvoir un possible effet préventif sur le déclenchement de certaines maladies. Concernant les troubles anxieux proprement dit, les traitements médicamenteux et les approches cognitives et comportementales restent pour l’heure les seules approches à avoir prouvé leurs effets thérapeutiques spécifiques. Contrairement à une idée reçue, la France ne se positionne qu’à la 12ème place des pays consommateurs d’antidépresseurs en Europe (selon les indicateurs de l’OCDE). La sur-prescription d’anxiolytiques illustre, en revanche, qu’il y a une nécessité absolue d’éduquer la population et les médecins à la prise en charge des troubles anxieux. De nouvelles approches paraissent prometteuses. Parmi elles, les techniques de bio et neuro-feedback, voire de neuro-stimulation, sont particulièrement étudiées. Néanmoins, aucune certitude ne peut, pour le moment, être tirée quant à la place qu’elles prendront à l’avenir au sein de l’arsenal thérapeutique. En attendant l’avénement de solutions nouvelles et salvatrices, il faut rester conscient que demander à un anxieux sévère, en état aigu, de méditer, de sortir/faire du sport ou de s’approprier les principes de psychologie positive, revient à demander à un dépressif mélancolique de bien vouloir relativiser ses malheurs ou encore à l’exhorter à sortir pour se « changer les idées ». Ce type d’injonctions bienveillantes mais inadaptées est souvent contre-productif, culpabilisant, voire insultant pour les malades (tout comme pour les médecins qui cherchent scrupuleusement à les soulager et les soigner). Il serait bon de veiller à ne pas pérenniser le malentendu entre  stress du quotidien et maladies anxieuses (de même que la déprime est à distinguer de la dépression).

Cette conclusion est bien décevante, eu égard aux espoirs soulevés par les ouvrages, et autres articles d’informations grand public, qui fleurissent régulièrement au sujet de la santé. Elle ne cherche à revendiquer que son pragmatisme et sa conformité aux connaissances actuelles. Elle n’attend qu’à être démentie au plus vite par les découvertes scientifiques à venir !      

QUAND L’OBSOLESCENCE DE TOUTE VERITE RESTE LA VRAIE BONNE NOUVELLE !

 

 

Lexique: (Wikipédia)

D.S.M: Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux. La version actuelle est la 5ème Edition.

Trouble Anxiété Généralisée: affection psychiatrique, statistiquement plus fréquente chez les femmes et chez les jeunes adultes. Elle se caractérise par des manifestations physiques paroxystiques sur fond d’anxiété permanente. Les aspects psychologiques ou leurs équivalents somatiques sont nombreux et variés, l’anxiété et l’inquiétude excessive concernant plusieurs situations ou événements. Elle se caractérise notamment par la présence constante d’inquiétudes difficilement contrôlables.

-Trouble Anxiété Sociale:(ex-phobie sociale) peur intense qui survient dans une ou plusieurs situations sociales et qui entraîne une gêne et un handicap dans la vie quotidienne. Ces peurs peuvent être déclenchées par le fait d’être observé par les autres ou de penser qu’on l’est. Les patients craignent d’être vus comme anxieux, bizarres, distants ou idiots. Alors que ces peurs sont reconnues par la personne comme excessives et irrationnelles, il lui est très difficile de les surmonter. Les situations sociales sont donc progressivement évitées ce qui aggrave progressivement le trouble et entraîne un isolement.

-Trouble Panique Agoraphobie: trouble anxieux caractérisé par des attaques de panique récurrentes et sévères, qui s’accompagnent par la peur anticipatoire constante de présenter une prochaine crise. Il en découle des conduites d’évitement des situations susceptibles de générer de nouvelles attaques de paniques. La peur de se trouver dans un endroit ou dans une situation dont il serait gênant de s’extraire et/ou de recevoir de l’aide en cas de crise d’angoisse, constitue l’agoraphobie. 

-Trouble Obsessionnel Compulsif: trouble mental caractérisé par l’apparition répétée de pensées intrusives (les obsessions) produisant de l’inconfort, de l’inquiétude, de l’appréhension et/ou de la peur ; et/ou de comportements répétés et ritualisés (les compulsions) ayant pour but de diminuer l’anxiété ou de soulager une tension. Les obsessions et les compulsions sont souvent associées (mais pas toujours) et sont généralement reconnues comme irrationnelles par les personnes sujettes au TOC. Elles sont néanmoins irrépressibles et envahissantes, diminuant le temps disponible pour d’autres activités et menant parfois jusqu’à la mise en danger.

 -Etat de Stress Post-traumatique: réaction psychologique consécutive à une situation durant laquelle l’intégrité physique et/ou psychologique du patient et/ou de son entourage a été menacée et/ou effectivement atteinte (notamment accident grave, mort violente, viol, agression, maladie grave, guerre, attentat). Les capacités d’adaptation (comment faire face) du sujet sont débordées. La réaction immédiate à l’événement aura été traduite par une peur intense, par un sentiment d’impuissance ou par un sentiment d’horreur.Les symptômes caractéristiques apparaissent après un événement traumatique. Dans les suite de l’évènement (parfois après un intervalle libre plus ou moins long), le sujet évite systématiquement tout événement ou discussion en lien avec le thème traumatique. Malgré ces stratégies, l’événement revient sans cesse dans les pensées de l’individu en flashback ou en cauchemar.

-Phobies spécifiques: trouble anxieux caractérisé par une peur irrationnelle face à des situations ou objets spécifiques. Par conséquent, les individus affectés tentent activement d’éviter un contact direct avec les objets ou les situations et, dans de sévères cas, toute mention ou description.

-Bibliothèque Cochrane: La collaboration Cochrane est une organisation à but non lucratif indépendante qui regroupe plus de 28 000 volontaires dans plus de 100 pays. Cette collaboration s’est formée à la suite d’un besoin d’organiser de manière systématique les informations concernant la recherche médicale.

 

Références:

-Le Point N°2266 du jeudi 11 février (Violaine De Montclos)

-http://anti-deprime.com/2016/02/13/comment-mater-son-anxiete-revue-de-presse/ 

-Al-Harasi S, Ashley PF, Moles DR, Parekh S, Walters V. Hypnosis for children undergoing dental treatment. Cochrane Database of Systematic Reviews 2010, Issue 8. Art. No.: CD007154. DOI: 10.1002/14651858.CD007154.pub2.

-Madden K,Middleton P, Cyna AM,Matthewson M, Jones L. Hypnosis for pain management during labour and childbirth. Cochrane Database of Systematic Reviews 2012, Issue 11. Art. No.: CD009356. DOI: 10.1002/14651858.CD009356.pub2.

-Bisson JI, Roberts NP, Andrew M, Cooper R, Lewis C. Psychological therapies for chronic post-traumatic stress disorder (PTSD) in adults. Cochrane Database of Systematic Reviews 2013, Issue 12. Art. No.: CD003388. DOI: 10.1002/14651858.CD003388.pub4.

-Hunot V, Churchill R, Teixeira V, Silva de Lima M. Psychological therapies for generalised anxiety disorder. Cochrane Database of Systematic Reviews 2007, Issue 1. Art. No.: CD001848. DOI: 10.1002/14651858.CD001848.pub4.

-Miyasaka LS, Atallah ÁN, Soares B. Valerian for anxiety disorders. Cochrane Database of Systematic Reviews 2006, Issue 4. Art. No.: CD004515. DOI: 10.1002/14651858.CD004515.pub2.

-Miyasaka LS, Atallah ÁN, Soares B. Passiflora for anxiety disorder. Cochrane Database of Systematic Reviews 2007, Issue 1. Art. No.: CD004518. DOI: 10.1002/14651858.CD004518.pub2.

-Joyce J, Herbison GP. Reiki for depression and anxiety. Cochrane Database of Systematic Reviews 2015, Issue 4. Art. No.: CD006833. DOI: 10.1002/14651858.CD006833.pub2.

-Lawrence S, De Silva M, Henley R. Sports and games for post-traumatic stress disorder (PTSD). Cochrane Database of Systematic Reviews 2010, Issue 1. Art. No.: CD007171. DOI: 10.1002/14651858.CD007171.pub2.

-Larun L, Nordheim LV, Ekeland E, Hagen KB, Heian F. Exercise in prevention and treatment of anxiety and depression among children and young people. Cochrane Database of Systematic Reviews 2006, Issue 3. Art. No.: CD004691. DOI: 10.1002/14651858.CD004691.pub2.t

-Krisanaprakornkit T, SrirajW, Piyavhatkul N, Laopaiboon M. Meditation therapy for anxiety disorders. Cochrane Database of Systematic Reviews 2006, Issue 1. Art. No.: CD004998. DOI: 10.1002/14651858.CD004998.pub2.

-Robinson J, Biley FC, Dolk H. Therapeutic touch for anxiety disorders. Cochrane Database of Systematic Reviews 2007, Issue 3. Art. No.: CD006240. DOI: 10.1002/14651858.CD006240.pub2.

-Werneke U, Complementary medicines in mental health. Evid Based Mental Health 2009 ,12: 1-4 doi: 10.1136/ebmh.12.1.1

-Schuurmans J, CBT, SSRI or both are similarly effective for panic disorder 1-year post-treatment. Evid Based Ment Health 2010, Nov;13(4):125. doi: 10.1136/ebmh.13.4.125.

Mayo-Wilson E, Dias S, Mavranezouli I, Kew K, Clark DM, Ades AE, Pilling S. Psychological and pharmacological interventions for social anxiety disorder in adults: a systematic review and network meta-analysis. Lancet Psychiatry 2014, Oct;1(5):368-76. doi: 10.1016/S2215-0366(14)70329-3. Epub 2014 Oct 7.

-Peter P Roy-Byrne, Michelle G Craske, Murray B Stein. Panic disorder. Lancet 2006; 368: 1023–32

-Peter Tyrer, David Baldwin. Generalised anxiety disorder. Lancet 2006; 368: 2156–66

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Scholten H, Malmberg M, Lobel A, Engels RC, Granic I. A Randomized Controlled Trial to Test the Effectiveness of an Immersive 3D Video Game for Anxiety Prevention among Adolescents. PLoS One. 2016 Jan 27;11(1):e0147763. doi: 10.1371/journal.pone.0147763. eCollection 2016.

-American Psychiatric Association: Practice guideline for the treatment of patients with obsessive-compulsive disorder. Am J Psychiatry 2007; 164(suppl):1–56

4 Comments

  1. taylorette44 | | Répondre

    Heureusement que vous êtes là ! Merci pour votre éclairage documenté et intransigeant ! Après tout c est de notre santé qu il s agit…

  2. TMS cure | | Répondre

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