Enfin un vrai traitement non-médicamenteux de la dépression !

En France, la dépression frappe chaque année 3 millions de personnes âgées de 15 à 75 ans (soit 8 % de la population). Elle toucherait deux fois plus de femmes que d’hommes. Un cas sur deux ne serait pas soigné. Ce chiffre progresse avec la précarité, le vieillissement et la solitude.

Un épisode dépressif majeur se caractérise par la présence d’une humeur triste (et/ou une absence de plaisir ressenti aux sources habituelles d’intérêt) persistant pendant au moins deux semaines. D’autres symptômes viennent ensuite confirmer le diagnostic: trouble du sommeil, perturbation de l’appétit, auto-dévalorisation, culpabilité, ralentissement psycho-moteur, déficit de la concentration, idées noires voire suicidaires… Les épisodes peuvent être isolés ou répétés et caractérisés selon leur intensité: légers (peu de symptômes pour atteindre le critère minimum), modérés ou sévères (affectant le fonctionnement social et de l’occupation).

Alors que de nombreuses médecines parallèles cherchent à se prévaloir d’une action thérapeutique sur ce fléau, peu d’entre elles parviennent véritablement à offrir une alternative, scientifiquement prouvée, aux approches médicamenteuses classiques. La célèbre revue internationale, Archives of General Psychiatry (JAMA) vient pourtant confirmer les présomptions d’efficacité d’une approche naturelle et à la portée de tous.  Voici l’abstract (résumé de l’étude), traduit en français par choisirunmedecin.com.

Intérêt de l’étude:

La luminothérapie est un traitement fondé sur des preuves pour la dépression saisonnière, mais il y a peu de preuves de son efficacité sur l’Episode Dépressif Majeur caractérisé (non saisonnier).

 

Objectif :

Déterminer l’efficacité du traitement par la lumière, en monothérapie et en combinaison avec la fluoxétine, par rapport à un groupe témoin « suggestion de prise en charge-placebo » chez des adultes atteints de dépression non saisonnière.

 

Schéma de l’étude, cadre du suivi et participants :

Etude randomisée, en double aveugle, contrôlée contre « placebo et intervention simulée« . Essais sur 8 semaines, chez des adultes (âgés de 19-60 ans) présentant un Episode Dépressif Majeur, d’intensité modérée à sévère, suivis en consultations ambulatoires de psychiatrie au sein de services hospitalo-universitaires. Les données ont été collectées à partir du 7 Octobre 2009 et jusqu’au 11 Mars 2014.

 

Interventions :

Les patients ont été répartis de façon randomisée en 4 groupes :

  1. monothérapie par « lumière » (fluorescente par boîte à lumière blanche de 10 000 lux actif pendant 30 min / j en début de matinée et une pilule placebo);
  2. monothérapie par antidépresseur (chlorhydrate de fluoxétine, 20 mg/j) + utilisation d’un générateur d’ions négatifs inactif pendant 30 min/j ;
  3. combinaison de lumière et antidépresseur;
  4. placebo (générateur d’ions négatifs inactif et pilule placebo).

 

Principaux résultats et mesures :

Recueil des changements de score sur une échelle d’évaluation de l’intensité dépressive: la « Depression Rating Scale Montgomery-Åsberg » (MADRS) depuis l’inclusion dans l’étude jusqu’à son terme, à la 8ème semaine. Des critères secondaires incluaient la réponse au traitement (réduction de plus de 50% du score MADRS) et la rémission (MADRS ≤10 à l’évaluation finale).

 

Résultats :

Au total, 122 patients ont été inclus et randomisés de la façon suivante : -monothérapie lumière, 32; – monothérapie fluoxétine, 31; – thérapies combinées, 29; – placebo, 30.

La moyenne (SD) des changements de score dans la MADRS pour la lumière, la fluoxétine, la combinaison des 2 et les groupes de placebo étaient respectivement de 13,4; 8,8; 16,9; et 6,5. La combinaison des 2 traitements et  la monothérapie par la lumière étaient significativement supérieur au placebo dans le score de changement de MADRS, mais la monothérapie par fluoxétine n’a pas été supérieure au placebo.

Pour le placebo, la fluoxétine, la lumière, et les groupes de combinaison au point final, une réponse a été obtenue par respectivement 10 (33,3%), 9 (29,0%), 16 (50,0%), et 22 (75,9%) participants et la rémission a été obtenue par 9 (30,0%) 6 (19,4%) 14 (43,8%), et 17 (58,6%) participants. Les traitement combinés étaient supérieurs au placebo en taux de réponse MADRS et en taux de rémission rémission, avec un nombre de sujets à traiter (pour obtenir une distinction du placebo) de 2,4 et 3,5, respectivement. Tous les traitements étaient généralement bien tolérés, avec peu de différences significatives dans les événements indésirables liés au traitement.

 

Conclusions et pertinence :

Le traitement par la lumière vive, à la fois en monothérapie et en combinaison avec la fluoxétine, était efficace et bien toléré dans le traitement des adultes atteints de dépression non saisonnière. L’association de la pharmacothérapie avec la luminothérapie a eu les effets les plus constants.

 

 

Références:

Efficacy of Bright Light Treatment, Fluoxetine, and the Combination in Patients With Nonseasonal Major Depressive Disorder

A Randomized Clinical Trial
Raymond W. Lam, MD; Anthony J. Levitt, MBBS; Robert D. Levitan, MD, MSc; Erin E. Michalak, PhD; Amy H. Cheung, MD; Rachel Morehouse, MD; Rajamannar Ramasubbu, MD; Lakshmi N. Yatham, MBBS, MBA; Edwin M. Tam, MDCM
JAMA Psychiatry. 2016;73(1):56-63. doi:10.1001/jamapsychiatry.2015.2235.

-Wikipédia (épidémiologie de la dépression)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *