Il y a 25 ans, peu avant de mourir, l’Astrophysicien Carl SAGAN, nous livrait un avertissement. La dimension prophétique de celle-ci est désormais évidente.
Force est de constater qu’il n’a pas été entendu.
Carl Sagan, né le 9 novembre 1934 à Brooklyn (New York) et mort le à Seattle (Washington), est un scientifique et astronome américain. Il est l’un des fondateurs de l’exobiologie, et a soutenu le programme SETI de recherche d’intelligence extraterrestre. Il a réalisé la série documentaire de vulgarisation scientifique Cosmos, diffusée à la télévision sur plusieurs continents. Il est aussi connu pour son militantisme en matière de scepticisme scientifique.
Cette interview télévisée fut diffusée le 27 May 1996. Nous l’avons traduite en français:
« A mon avis, ce n’est pas la pseudoscience, les superstitions, les croyances dites New-Age, ni même le fanatisme fondamentaliste que l’on doit craindre… Ils ne sont pas nouveaux. Ils existent et nous accompagnent depuis la naissance de l’humanité…
Mais nous vivons une nouvelle ère, basée sur la science et les nouvelles technologies. Un formidable pouvoir technologique est désormais mis au service de la science.
[…]
C’est vrai – nous n’en maîtrisons rien. Par nous, je veux dire la population générale. Dès que quelque chose est complexe, on se dit « oh, je ne maîtrise pas ce sujet – je ne m’y connais pas… »
Donc, qui va prendre les décisions concernant la science et les nouvelles technologies ? Les orientations qui vont déterminer dans quel type de futur nos enfants s’apprêtent à vivre ?
Quelques membres du congrès…
Mais il n’y a pas une poignée des membres du congrès qui possèdent des compétences scientifiques. Le congrès républicain vient tout juste de supprimer son propre bureau d’évaluation des nouvelles technologies (une structure qui était chargée d’effectuer des analyses objectives et de délivrer des avis éclairés) ! Par cette décision, ils reconnaissent ne pas s’intéresser, ni à la science, ni aux nouvelles technologies : « je ne veux pas savoir, ne m’en parlez même pas ».
Il y a 2 types de dangers :
- Le premier est celui dont nous venons tout juste de parler. On a construit une société, basée sur la science et les nouvelles technologies, dans laquelle personne ne maîtrise ces sujets. Cela induit un mélange explosif entre ignorance et pouvoir qui – tôt ou tard – va nous exploser au visage.
Je veux dire… qui va prendre les décisions concernant la science et les nouvelles technologies en démocratie si la population ignore tout du sujet ?
- La seconde raison pour laquelle je suis inquiet, c’est que la science n’est pas qu’une accumulation de connaissances, c’est une façon de s’interroger avec scepticisme sur notre univers, en conscience du caractère faillible de l’être humain.
Si on n’est pas capable d’évaluer, avec esprit critique, si l’information délivrée est juste ou non – de rester vigilant vis-à-vis du discours tenus par les autorités en place – alors nous sommes à la merci du premier charlatan politique ou religieux qui croisera notre route.
C’est un risque sur lequel Jefferson avait grandement mis l’accent. Il disait qu’il n’était pas suffisant d’inscrire quelques droits dans la constitution, ni d’avoir entériné la Déclaration des Droits de l’homme.
Les gens doivent être éduqués et exercer leur esprit critique en exploitant leurs connaissances acquises. Sans quoi, nous ne dirigerons pas nos gouvernements, mais nos gouvernements nous dirigeront.
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