L’énigmatique suicide professionnel de Didier Raoult pour sa chloroquine

Quand on parle de fake-news médicales, impossible d’éluder le cas particulier du Professeur Raoult. En effet, la crise COVID a précipité la déchéance du plus grand microbiologiste mondial à quelques années de sa retraite. Il est devenu subitement le chantre de la désinformation et du charlatanisme médical.
Le crépuscule d’une idole…

Démasqué par ses pairs ?
Convaincu des dérives du marseillais, le Professeur Raffi a même jugé nécessaire de le menacer de mort via un appel anonyme passé d’un poste du CHU de Nantes. Dire à quel point, certains ont très vite développé une haine de Didier Raoult
Ainsi, le professeur Molimard se propose-t-il même dans des intervieuws de lui « expliquer la science ». Pire, il le considère responsable du décès de nombreuses victimes, traitées inutilement par hydroxychloroquine (HCQ). Son argumentaire repose cette fois (cf. chapitre précédent) sur une étude bel et bien publiée (!) par Pradelle et Lega, en Février 2024. La revue Biomedecine et Pharmacotherapy l’a depuis rétractée. Mais l’accusation ne mollit pas. Le danger du discours tenu par le professeur Raoult constitue un danger pour la santé publique. Nul ne doit en douter.
Un auto-sabordage sans précédent
On lui reproche surtout son obstination à défendre un protocole thérapeutique par HCQ,
- en prévention des formes graves de COVID,
- lorsqu’administré au stade précoce,
- durant 7 jours consécutifs,
- après électrocardiogramme préalable,
Cet entêtement a eu raison d’une réputation bâtie au terme d’une carrière de 40 ans…
Les conséquences furent immédiates:
- Prolongation de carrière, sollicitée à la direction de l’IHU Méditerranée (qu’il a lui-même créé): refusée.
- Interdiction d’exercice de la médecine prononcée par le conseil de l’ordre des médecins pour une durée de 2 ans (bien que déjà retraité).
- Un comité de « re-relecture » des travaux de Raoult se constitue autour d’Elisabeth Bik. Les mebres y développent une passion pour la dénonciation de vices de forme passés inaperçus lors des relectures avant publications des papiers du marseillais. Ainsi parviennent-ils peu à peu à obtenir la rétractation de certains d’entre eux (parmi plus de 3000). Ils y dénoncent parfois des protocoles d’études inacceptables. Par exemple, l’équipe du Pr Raoult aurait analysé des excréments de patients sans même avoir demandé leur consentement préalable !
- Le recueil, l’analyse et la publication de données observationnelles, accumulées durant la crise COVID (grâce aux prises en charge de milliers de patients), constituerait un exemple de dérive condamnable: une étude sauvage selon les confrères du médecin marseillais.
Une mise au pilori justifiée ?
Les médias sonnent le glas pour le néo-charlatan. Bien intentionné, Bruce Toussaint donne une leçon de médecine en interview à celui que le président de la République consulta dès le début d’épidémie et qui soigna les notables de la région. Plus radical, Patrick Cohen s’évertue à fustiger dans « C à vous », l’amateurisme de celui qui siégea d’office au Conseil scientifique constitué par le gouvernement (avant d’en démissionner).
De nouveaux critères de respectabilité scientifique
Comment peut-on tomber aussi bas ? Comme nombreux de ses pairs, Raoult aurait pu accéder aux plus hautes instances du savoir: les studios de BFM.TV, les couloirs de l’Express… Les journalistes de France Télévision auraient pu discuter avec lui. Les micros de France Inter et RTL ne demandaient qu’à lui être tendus. Des repas confraternels avec les Drs Jimmy Mohammed, Michel Cymes et autre Jérôme Marty lui auraient probablement réservé un couvert. Pourquoi se faire autant d’ennemis prestigieux ?
Mais, qu’est-il allé faire dans cette galère ?
Pour les besoins de notre réflexion, nous déciderons de ne pas rentrer dans le débat portant sur l’évaluation proprement dite du protocole thérapeutique tant décrié. Nous partirons du postulat qu’il est avéré que ce traitement ne fonctionne pas, et présente même une dangerosité.
Alors, « désinformation » ou « mésinformation » ?
La piste d’une « désinformation »… motivée par quoi ?
Certains détracteurs pensent que Raoult aurait falsifié volontairement certaines études pour faire croire à l’efficacité de l’hydroxychloroquine. La question du but recherché se pose alors inévitablement.
Devenir riche ?
Cette piste supposerait qu’il y aurait un intérêt financier à défendre un lobby pharmaceutique de l’hydroxychloroquine. Sourd aux sirènes de Pfizer et autre Moderna, Raoult aurait chercher à faire fortune en misant sur les dérivés de quinine.
Quiconque comprend à minima le principe des brevets pharmaceutiques écarte cette hypothèse d’un revers de main. La valeur marchande d’un procédé actif dépend directement de la propriété qui protège la production des médicaments. Presque centenaire, cette vieille molécule ne représente plus aucun intérêt économique. Elle est produite à bas coût, sous forme de génériques commercialisés par plusieurs industriels. Son appartenance au domaine public, n’en protège plus la conception. Le brevet d’exploitation est expiré depuis des lustres.
Les anti-Raoult mieux positionnés pour cela…
De son côté, The Lancet n’a jamais clarifié l’origine du scandale qualifié de Lancetgate. Une fausse étude publiée à la barbe des reviewers. L’article rétracté pointait la dangerosité que représentait l’hydroxychloroquine. Le ministre de la santé décida d’ailleurs d’en interdire les prescriptions. Cette inédite restriction de la liberté médicale se fondait sur les conclusions relayées par la plus grande revue scientifique. Problème: ladite publication exploitait de fausses données. Elles provenaient d’une obscure société spécialisée dans la commercialisation de datas, et co-dirigée par une ancienne star du X. Les complotistes n’eurent aucun mal à imaginer les probables motivations des faussaires. En effet, le développement des vaccins à ARNm représentait (lui) des enjeux financiers colossaux. L’obtention d’une « AMM conditionnelle » ne serait possible qu’en l’absence de quelconque alternative thérapeutique disponible. Si l’hydroxychloroquine (ou l’ivermectine) avait(ent) été reconnue(s) comme traitement(s) du COVID, les injections de Pfizer, Astra Zeneca, Moderna et autres Jansen, n’auraient pu être commercialisées.
Concernant Raoult et sa chloroquine, il faut donc chercher sa motivation ailleurs…
Une quête ultime de reconnaissance ?
Pour d’autres, le narcissisme de Didier RAOULT aurait provoqué son incompréhensible bouffée délirante. Il aurait voulu devenir le sauveur de l’humanité. Sa mégalomanie l’aurait poussé à se convaincre d’avoir découvert LE remède contre la pandémie. Pourquoi pas… Cette théorie se heurte pourtant à quelques limites.
Avant les transformations de sa fiche Wikipédia, la carrière de Didier RAOULT lui attribuait déjà un statut à part au sein de la communauté scientifique internationale. L’I.H.U brillait dans le monde comme aucun autre établissement sanitaire français. On le désignait comme le vaisseau amiral de l’infectiologie. Le gouvernement avait d’ailleurs associé d’office son directeur (Didier Raoult) au Conseil scientifique formé d’urgence en 2020. « En même temps », il reçut même la visite d’Emmanuel Macron, venu en personne lui demander conseil au sujet de la crise sanitaire débutante. Un déplacement présidentiel inédit.
Pour envisager qu’une quête de reconnaissance aurait aveuglé le microbiologiste, il faut donc mesurer la notoriété dont il bénéficiait jusqu’à l’année 2020.
Fonctions et responsabilités
- 2013 > Professeur associé adjoint (Université du Roi Abdulaziz, Djeddah)
- 2011 > Création et gestion de la Fondation « I.H.U. Méditerranée Infection », Marseille
- 2008-2011 Création et présidence de la Fondation Scientifique « Infectiopôle Sud », Marseille
- 2002-2003 Conseiller auprès du Ministère de la Santé et du Ministère de la Recherche pour le Bioterrorisme et les Maladies Infectieuses
- 2004-2006 Président du comité scientifique du laboratoire NSB4, à Lyon, France
- 1994-1999 Président de l’Université d’Aix Marseille, Marseille
- 1993-1994 Président de la Commission nationale de la recherche médicale et chirurgicale (France)
- 1991-1994 Création et chef du service de recherche du CHU de Marseille
- 1988-2007 Création et chef du Centre collaboratif de l’OMS pour les rickettsies
- 1987-2011 Directeur du Centre National de Référence des Rickettsies – Marseille, France
- 1984 > Création et direction de l’Unité des Rickettsies (associée à AMU et depuis 1992, au CNRS, depuis 2008 à l’IRD, depuis 2012 à l’INSERM)
Distinctions
- Commandeur de l’Ordre du mérite (2015),
- Officier de la Légion d’honneur (2011),
- Chevalier de la Légion d’honneur (2000),
- Chevalier de l’Ordre du mérite (1995),
8 prix nationaux
- 2015 Prix Louis D de la Fondation (Institut de France) ;
- 2010 Grand Prix Inserm pour l’ensemble de la carrière ;
- 2009 Prix de l’Académie Nationale de Médecine ;
- 2006 Lauréat régional des trophées INPI de l’innovation;
- 2003 Prix Jean Valade de la Fondation pour la Recherche ;
- 1997 Prix Piraud de la Fondation Médicale de France ;
- 1996 Prix français de la science et de l’armée ;
- 1986 Prix des professeurs associés, Marseille ;
- 1985 Prix Nourri – Lemarié (Médecine tropicale), France.
17 prix internationaux
- 2014 Prix Thomas J Marrie- Halifax (Canada) ;
- 2012 Medical Grand Round, Annual Shaia Lecture, Virginie (États-Unis) ;
- 2010 Prix d’excellence en médecine clinique, Nimègue (Pays-Bas) ;
- 2009 Prix international Khwarizmi (KIA), Téhéran (Iran) ;
- 2008 Prix Sackler Lecturer, Université de Tel Aviv (Israël) ;
- 2008 J.D. Williams Awards (Royaume-Uni) ;
- 2007 Conférence d’introduction (American Society of Microbiology) ICAAC, Chicago (États-Unis) ;
- 2006 Conférence distinguée à l’Université de l’État de Washington, Washington (États-Unis) ;
- 2006 Médical Grand Round, Faculté de médecine, Standford (États-Unis) ;
- 2006 Medical Grand Round, Massachusetts General Hospital, Boston (États-Unis) ;
- 2005 Medical Grand Round, Hôpital de Chicago (États-Unis) ;
- 2005 Conférence Fred Soper (American Society for Trop Med Hyg), Washington (États-Unis) ;
- 2003 Conférence J. Smadel (Infectious Diseases Society of America), San Diego (États-Unis) ;
- 2002 Prix des Sciences d’Outre-Mer, Société Royale de Médecine Tropicale de Belgique (Belgique);
- 2002 Prix d’excellence, Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses ;
- 2002 Conférence commémorative E. Garner King, Edmonton (Canada) ;
- 2000 Pfizer, série IDCP Discovery
La thèse d’une quête de statut du « sauveur de l’humanité » resterait néanmoins possible… si elle ne se heurtait pas à une autre limite de taille:
Depuis le début de l’épidémie, le Pr Raoult a toujours spécifié qu’il n’avait pas la paternité du recours à l’hydroxychloroquine. Les chercheurs chinois de la région de Wuhan ont initié, les premiers, ce protocole thérapeutique dès l’apparition du COVID.
Une « mésinformation » par incompétence insoupçonnée ?
Conscients que le Professeur Raoult jouissait déjà d’une sacrée réputation auprès de la communauté scientifique internationale, d’autres détracteurs ont plutôt dénoncer son statut d’imposteur. Il n’aurait pas cherché à se créer une réputation dont il disposait déjà, mais aurait fait preuve d’une indigence scientifique rare. Il aurait dissimulée son incompétence tout au long de sa carrière. Pensez donc, le professeur continuerait à croire à l’efficacité d’un traitement que les Docteurs Jimmy Mohammed et Michel Cymes déclarent fermement inefficace, depuis 5 ans, lors de leurs apparitions télévisées. Selon eux, le professeur ne serait donc rien d’autres qu’un charlatan. La croyance aveugle dans le protocole à l’hydroxychloroquine serait la preuve de l’ignorance crasse du médecin-chercheur.
Si on jette un oeil aux travaux du Professeur Raoult, on comprend que le grand prix de la mystification lui revient sans conteste. Avoir dissimulé une telle incompétence scientifique, derrière tant des contributions à la médecine, constitue un véritable tour de force.
Découvertes scientifiques
- Découverte des Giga-virus (avec le Professeur Claverie, grand autre nom du complotisme post-2020).
- L’équipe de recherche découvre également les Marseillevirus et Faustovirus.
- Identification et description d’une centaine de bactéries pathogènes dont le genre Raoultella
Activités académiques
- Direction de 152 doctorats
- 200 interventions lors de conférences internationales.
Activités éditoriales dans 19 revues
- depuis 2013 Pathogenèse microbienne (Rédacteur associée) ;
- depuis 1997 Maladies infectieuses émergentes (comité de rédaction) ;
- depuis 1991 European Journal Epidemiology (rédacteur en chef adjoint)
- depuis 2012 Frontiers Microbiology (Editeur) ;
- depuis 2008 PloS Neglected Tropical Diseases (rédacteur en chef adjoint) ;
- 2008-2016 Microbiologie clinique et infection (Rédactrice en chef) ;
- 2000-2006 Laboratoire de Diagnostic Clinique et Immunologie ;
- depuis 2006 APMIS (Comité de rédaction) ;
- depuis 2005 The Lancet (Consultante éditoriale) ;
- 2005-2010 Revue européenne de microbiologie clinique et de maladies infectieuses ;
- depuis 2004, Clinical Infectious Diseases (comité consultatif de rédaction) ;
- depuis 2004 Current Immunology Review (comité de rédaction) ;
- 2003-2010 Revue internationale des maladies infectieuses ;
- depuis 2001 Lancet Infectious Diseases (comité de rédaction) ;
- 1996-2005 Revue européenne de microbiologie clinique et de maladies infectieuses ;
- 1995-2006 Journal de microbiologie clinique ;
- 1992-1999 Acta Virologica
Activité de recherche
- 72 brevets déposés
- création de 7 startups : AmiKana.BioLogics (2007), POCRAMé (2013), Gene&GreenTech (2013), Biosqual (2014), Arthrobac (2015), Culture Top (2015), Everimmune (2017).
Publications scientifiques (source Web of Science)
- 3 217 publications référencées
- 29 livres édités
- rédaction de 190 chapitres de livres médicaux
- h-index de 147
- 115 720 citations
- chroniqueur médical pour le magazine Le Point
Le mystère demeure entier
Difficile donc de statuer… Le suicide professionnel de Didier Raoult restera sans doute le plus grand mystère de l’histoire de la médecine… D’aucuns iront probablement jusqu’à plaider la démence. Beaucoup n’ont pas hésité à diagnostiquer une supposée sénilité mentale au Pr Luc Montagnier osant évoquer l’origine artificielle possible du SARS-Cov2. Le microbiologiste marseillais pourrait, lui aussi, présenter une maladie psychique. D’ailleurs, n’a-t-on pas maintes fois invoqué le « syndrome du Nobel » pour expliquer les opinions non consensuelles exprimées par d’éminents savants dont les carrières témoignaient pourtant de la vélocité d’esprit ?