Père Noël: la grande (dés)illusion ?

Attention : Cet article contient des informations sensibles. L’existence du Père Noël y est reconsidérée. Ecartez les enfants !

 

Les parents, eux, sont invités à ré-examiner le fondement éthique d’une mystification ancestrale. Celle-ci prête vie à un généreux vieillard barbu, tout de rouge vêtu. Un article publié dans la revue Lancet Psychiatry s’attaque à la traditionnelle supercherie. Deux psychologues se sont ainsi interrogés sur l’aspect moral qui sous-tend la magique tradition de Noël. Ils notent que les enfants sont plongés d’autorité dans un univers féérique, mais irrationnel. Des animaux de trait y volent dans le ciel. Un homme obèse passe par les conduits de cheminées. Des nains se soumettent à un rythme de travail stakhanoviste avec joie et bonne humeur…

Une réalité plus sombre, est suggérée par les auteurs. Mentir aux enfants pourrait émousser la confiance qu’ils portent à leurs parents. Ils seraient alors exposé à une « abjecte déception » dès qu’ils découvriraient que la magie n’est pas réelle.

 

Un mensonge éhonté

 

Kathy McKay, psychologue clinicienne à l’Université de Nouvelle-Angleterre déclare: «Le mythe du Père Noël est un mensonge induit et maintenu sur une longue durée, entre les parents et leurs enfants. La mise à jour de cette mystification pourrait constituer le point final à la relation de confiance. Si les parents peuvent mentir de façon si convaincante et si longtemps, sur quoi d’autres peuvent-ils mentir encore ? »

Un démenti auprès de nos têtes blondes, si près du grand événement, peut certes perturber les festivités, mais les parents doivent parfois avoir un vision sur le long terme.

« Il y a un risque pour les enfants d’être blessés par cette tradition du mensonge », ajoute-t’elle.

La posture morale de McKay au sujet de Noël peut entrer en conflit avec la « réalité de terrain » des parents. Elle reconnaît d’ailleurs la complexité de certaines situations. La psychologue anticipe même sa propre réaction, dans un proche avenir, lorsque sa filleule de trois ans viendra à enquêter sur le sujet. « Elle croit au Père Noël en ce moment et ce n’est pas mon rôle d’aller à l’encontre des choix de ses parents », dit-elle. « Elle ne m’a pas encore questionnée sur le sujet … Quand elle le fera, je lui dirai la vérité. Je veux que ma filleule grandisse en sachant qu’il y aura toujours de la fiabilité et de l’honnêteté entre nous ».

 

 

Du Père Noël au Père Fouettard

 

Le premier auteur de l’article, Chris Boyle, a une position moins tranchée. « Je n’ai pas pour projet de passer dans les rues d’Exeter en distribuant des tracts ». Il admet qu’il jouerait même probablement le jeu, s’il avait des enfants.

Il se montre plus sévère envers ceux qui se servent du Père Noël comme menace face à de mauvais comportements. « Certains parents l’utilisent ainsi comme un outil de contrôle. C’est un moyen de pression quand ils sont tendus durant la préparation de Noël », a déclaré Boyle. « Ce n’est peut-être pas la meilleure méthode éducative. Vous laissez un être virtuel décider s’ils obtiendront des cadeaux ou non ».  Les parents se délestent d’une autorité qui leur incombe. Ils transforment un folklore, initialement bienveillant, en menace de représailles…

 

 

Un délire collectif

 

Les auteurs avancent plusieurs arguments psychologiques pour expliquer comment et pourquoi un tel « mensonge collectif à l’échelle mondiale » persiste:

  1. les humains ont une forte tendance à se conformer à la masse, même lorsqu’un comportement est illogique.
  2. même les adultes ont une forte envie d’échapper à la réalité grâce au faire-semblant.

« Nous essayons de revenir aux jours heureux de notre enfance », a déclaré Boyle.

 

 

Continuons la duperie décomplexée !

 

Les deux psychologues ne sont pas les premiers à se demander pourquoi la société perpétue le mythe du Père Noël. Richard Dawkins s’est déjà demandé si les enfants devaient être encouragés à croire en Santa Claus et en des contes de fées scientifiquement invraisemblables. « Je pense qu’il est assez pernicieux d’inculquer à un enfant une vision du monde qui inclut le surnaturel », a-t-il déclaré dans un discours de 2014. Cependant, Dawkins a dit, plus tard, que les contes de Noël pourraient, en fait, « entraîner l’enfant à développer un sens critique qui lui permettra de rejeter surnaturel quand le moment viendra ».

 

 

 

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Ho Ho Ho

 

Quel réconfort ! Nous pouvons donc poursuivre la promotion de la magie de Noël sans craindre de débiliser nos enfants.

 

Peut-être les confrontons-nous ainsi à une première occasion d’aiguiser leur réflexion logique et leur raisonnement pragmatique.

 

Contrairement à d’autres grandes théories universelles, la légende du Père Noël est inévitablement vouée à être reconnue comme mensongère avant le passage à l’âge adulte…

 

 

 

 

Référence:
A wonderful lie
Boyle, Christopher et al.
The Lancet Psychiatry , Volume 3 , Issue 12 , 1110 - 1111

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