Allo, Gretta ?… on a un problème

Lettre à Gretta Thunberg

Egérie des nouvelles générations « éco-responsables ». Révoltée par l’inconséquence de ses aînés. Gretta Thunberg semble avoir disparu du débat public. A croire qu’elle ne pense pas légitime de dénoncer les dérives sociétales contemporaines. Difficile de comprendre que cette militante limite ses interventions au seul bilan carbone planétaire.

Pourtant, l’actualité mériterait que l’audace de l’adolescente soit mise au service d’un rappel à l’ordre de nos autorités grabataires. Elle sait si bien les interpeler.

Chère Gretta,

Ton crédo : la dénonciation d’un risque imminent

Tu as su prendre la parole pour fustiger les anciens. Leur reprocher la destruction amorcée de ton monde. Tu as cité les recherches en climatologie pour appuyer ta plaidoirie.

Cette catastrophe annoncée repose sur des calculs prévisionnels. De savants modèles mathématiques tentent de prédire l’avenir du réchauffement climatique. Une succession d’ères climatiques se produit depuis la naissance de notre planète. Nous n’y comprenons pas grand-chose. Il semblerait cependant que les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique nous exposent à une extinction prochaine (accélérée ?) de notre civilisation… Soit.

Pour défendre le futur, tu t’es mise en colère, Gretta. Tu as condamné l’inaction de tes ancêtres face au pronostic vital engagé de notre humanité.

 

Etrange silence sur une actualité catastrophique

Aujourd’hui, Gretta, nous ne sommes pas dans la projection vers un futur péjoratif. Nous sommes dans un présent inattendu mais dramatique. Il se produit une grave dégradation de la qualité de vie de nos contemporains. Les jeunes sont directement impactés par les décisions prises par leurs aînés. Personne n’aurait pu prédire un tel scénario, sur un délai aussi court.

Il y a un nouveau virus, certes. Mais, il y a également des décisions autoritaires contestables. Elles contreviennent à l’équilibre psychique des individus. Par exemple, elles déterminent qui à le droit de continuer à gagner sa vie et qui ne l’a plus. Elles établissent une distinction arbitraire entre les activités essentielles et superflues. Ces contraintes sont présentées comme sanitaires. Elles sont favorisées par un climat de peur. Elles ne reposent sur aucun consensus.

Où es-tu Gretta ? Pourquoi gardes-tu le silence ? Es-tu consciente que les générations à venir te demanderont des comptes ? Tes enfants te reprocheront peut-être d’avoir pris la parole pour dénoncer une apocalypse climatique à venir, pendant que tes contemporains provoquaient une tragédie humaine.

Ils ont fermé les écoles

Certes, tu as jugé utile d’interrompre ta propre scolarité pour militer contre le réchauffement climatique. Mais là, on a interrompu la scolarité de tes pairs. Ils n’avaient rien demandé, eux, Gretta. On leur a imposé une rupture brutale de leur développement social, pédagogique et éducatif. Cette décision a été prise en appliquant un modèle épidémiologique construit sur les caractéristiques du virus grippal. Pas sur les spécificités du SARS-Cov2. Les fameux modèles, Gretta… Méfie-toi des modèles théoriques.

On reclut les enfants

Tu as traversé l’Atlantique à la voile. Tu as ainsi économisé le kérosène d’un déplacement aéroporté, pour défendre la nature. Bravo pour ce symbole fort. Aujourd’hui, on interdit aux enfants d’aller se promener dans la forêt. La loi leur retire la liberté de gouter cet océan si précieux. On les empêche de jouir de l’environnement naturel dont ils disposent encore. On leur restreint l’accès à l’environnement.

L’hygiène de vie devient accessoire

On a décidé la fermeture des clubs de sport. Interruption des manifestations artistiques. Pause dans les activités culturelles.

On a répété à nos enfants l’importance des 5 fruits et légumes quotidiens. Certains alertaient sur l’effet des perturbateurs endocriniens. Tous craignaient les méfaits d’une sédentarité induite par les écrans. Avoue que les adultes n’ont pas peur du ridicule.

Les technologies numériques au service du lien social

On a donc cantonné les enfants à rester enfermés chez eux. Ils maintiennent quelques échanges sociaux via leurs écrans. Grace aux fameuses ondes Wifi/4G/5G. Celles dont a tellement peur.

Visiblement le danger ne vient pas tant du numérique. Les adultes et leur déviance hygiéniste n’attendent pas les ondes électromagnétiques pour nuire à la santé mentale de leurs progénitures.

Si tu m’aimes, éloigne-toi

On a enjoint les plus jeunes à investir les relations inter-personnelles selon de nouvelles modalités. La distanciation sociale a été présentée comme nouveau modèle. Fondement d’une bien étrange empathie: Vous aimez vos proches ? Ne les approchez pas !

On a indiqué aux jeunes que leur présence pouvait nuire à leurs ainés. On leur a expliqué que l’Autre constituait un danger – une source de contamination.

Le travail c’est la santé

Le message est bien passé. On a acté que les activités de loisirs, de détentes, de plaisir appartiennent au domaine du superflu. En conséquence, il est normal de les interdire dans l’intérêt général.

Etonnant. Les derniers articles de presse alertent (enfin) sur une dégradation de la santé mentale de la population. Olivier Véran exhorte désormais chacun à rester attentif à la préservation du bien-être. Bel exemple, d’injonction paradoxale.

La culpabilité comme principe fondateur universel

On vous a expliqué, Gretta, que l’être humain était responsable de tout ce qui lui arrivait. La religion n’a pas le monopole de la pénitence. Une bien-pensance laïque s’érige comme nouvelle religion.

La survenue de cette épidémie serait la conséquence du mauvais traitement par l’homme de son écosystème. L’ancien ministre de la santé l’a même expliqué.

De même, la résurgence des contaminations en Septembre serait le tribut d’un relâchement coupable estival. Non, non, pas une récurrence saisonnière. Don’t acte.

L’homme est responsable des virus. Voilà un type nouveau de créationnisme, érigeant l’homme comme Dieu fondateur et suppôt de Satan, à la fois. Honte à ceux qui crurent que les micro-organismes pré-existaient à l’espèce humaine. L’anthropocentrisme est une maladie bien humaine dont personne ne se soucie.

Déclarer la guerre au milieu naturel

On présente désormais notre environnement naturel comme un ennemi hostile. Le président emploie un vocabulaire guerrier. Le Pr Delfraissy veut « la mort du virus ». Une co-habitation avec les virus est décrite comme impossible. L’événement sanitaire auquel nous sommes confrontés serait donc sans précédent. Il mettrait en péril notre société entière. On ment à nos enfants, Gretta. Peu s’en offusque. Pas même toi.

Familiarisation à l’absurdité, notre nouvelle norme sociale

On impose à nos enfants des règles dont eux-mêmes relèvent les contradictions, ambiguïtés et incohérences. Ils ont compris qu’il fallait s’y conformer sans en questionner le fondement. On les a parfois puni lorsqu’ils les respectaient mal. Peu importe que leurs comportements ne représentent aucun danger sanitaire. La loi, est la loi.

Quoi de plus normal ? Leurs parents, eux-mêmes, seront punis s’ils se promènent en dehors d’un périmètre de 1 km. Ceux qui s’en plaignent sont de dangereux complotistes.

Les enfants ont été contaminés par l’irrationalité de leurs aînés. Combien de jeunes marchent désormais, seuls dans la rue, avec un masque chirurgical sur le nez ? Combien de cyclistes pédalent masqués ? M’Bappé attend sur le ban de touche avec un bout de tissu sur le nez. Ces scènes ne choquent plus. Elles sont devenues banales. Elles rassurent même certains ! Orwell, lui-même, n’aurait pas osé.

L’involution de l’animal social

Quel modèle social pour nos futures générations ? Nous nous réjouissons des formidables capacités d’adaptation de nos enfants. Suffisantes pour nous autoriser à minimiser les enjeux des recommandations adoptées. Port du masque dès 6 ans. Distanciation sociale. Limitation des contacts. Campagnes de sensibilisation « choc » à la TV. Pas d’inquiétude. L’apparente insouciance des élèves du primaire nous convainc. Il n’y aura pas de conséquence grave à ces décisions ineptes.

Les adultes font preuve d’une irresponsabilité et d’une inconscience dont il faudra rendre compte. Tout est mis en oeuvre pour favoriser une explosion sociale. La dissolution des groupes est présentée comme indispensable à la survie de l’espèce. Levi Strauss se retourne dans sa tombe. Nous n’avons rien appris.

Des militants en carton

Et toi, Gretta. Pourquoi n’as-tu pas plus utilisé l’incroyable célébrité que ton coup d’éclat médiatique t’a permis d’obtenir ? Ton Tweet vengeur au méchant Donald, était-il vraiment prioritaire ?

Les défenseurs du bon vieux temps. Les adeptes du retour aux sources. Les bobos humanistes. Où sont-ils tous passés ? Je ne les vois plus derrière leurs masques. Ils acceptent d’imprimer un bout de papier pour aller faire leurs courses au « BioCoop » le plus proche.

Les anarchistes. Les défenseurs des libertés individuelles. Les insoumis. Ils appliquent scrupuleusement les règles liberticides. La peur est tellement disciplinante.

Les scientifiques. Les zététiciens. Les rationalistes sceptiques. Les journalistes d’investigations. Ils sont devenus les porte-paroles de la pensée unique. La voix de leur maître. Sans même s’en apercevoir. Trop occupés à se moquer des conspirationnistes.

 

L’héritage des lumières ?

Faillite de l’intelligence

L’histoire se rappellera de cette sombre période durant laquelle les iconoclastes, les lanceurs d’alerte, les visionnaires, les idéalistes sont restés silencieux et dociles… Les défenseurs de l’esprit critique ont entériné la Doxa politique. Sidérés par leur peur de la maladie.

Une perte de repères

Le monde industrialisé a montré qu’il était devenu incapable de réagir face au véritable péril qui le menace: le conditionnement. Trop surpris par une réalité environnementale qui n’a rien d’extra-ordinaire, mais avec laquelle ils étaient manifestement déconnectés. Incapables de voir les dérives économiques qui régissent les décisions politiques promues par leurs médias. Obnubilés par le risque de tomber malade. Plus rien n’est important.

La vie éternelle.

L’homme moderne est bien trop accroché à sa quête d’immortalité. Il s’évertue à se maintenir dans une illusion de toute puissance. Les chercheurs rêvent de maîtriser une nature qu’ils ne dompteront jamais. Le gouvernement a choisi la guerre, là où il aurait du se rappeler que l’adaptation est le bien le plus précieux pour la survie des espèces. A vouloir se préserver de la maladie et de la mort, on se suicide aveuglément.

Les pays développés ?

Ce nouvel obscurantisme est bel et bien né en occident. Peut-être une lueur d’espoir persiste-t’elle dans les sociétés dites en voie de développement. Elles, acceptent peut-être toujours le caractère mortel de l’être humain. Elles se rappellent encore que nous devons composer avec les autres formes de vie. Qu’il nous faut nous accommoder aux cycles naturels d’un écosystème qui nous héberge temporairement. L’Homme peut défendre ses intérêts. Mais pas au point de se faire « hara-kiri » dès que l’environnement lui rappelle qui commande vraiment !

 

Les vieux ?

Tu remarqueras que je ne t’ai pas parlé des conséquences désastreuses que les mesures actuelles risquent fort d’avoir sur nos séniors. Comble de l’ironie, elles sont prises sous le prétexte de les protéger.

Je sais. Les vieux, tu les juges responsables de ton malheur actuel. J’imagine donc que tu ne t’en soucies guère. Je te fais donc grâce du récit de la fin de vie que nous leurs imposons, pour leur bien. Après la tienne, je vais rédiger une lettre à l’intention de l’un d’eux. Axel Kahn. Cet homme est intelligent, je t’assure. Un scientifique. Il n’est même pas encore sénile. Mais manifestement, la peur l’a contaminé, lui aussi. Et il n’existe pas de vaccin pour ça…

 

Tous mes voeux, Gretta,

J’espère que tu reprendras l’école, bien vite, et découvrira ce qu’il y a de merveilleux dans l’imperfection et l’impermanence de la vie. Il faut en jouir maintenant. Il serait idiot de se tuer en croyant la préserver. 

 

Un converti au complotisme, contraint et forcé.

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *