Ce jour où la science a choisi le pangolin…

Le soleil se leva à l’Est. Jusque-là, rien d’anormal. L’histoire débute en plein cœur de la Chine. Imminente première puissance économique de la planète. Tout commence au centre même de la République Populaire de Chine, dans la région de Wuhan.

 

Le lieu du crime

La Chine. Géant du XXIème siècle. « Mètre étalon » des droits de l’homme. Modèle du nouveau monde. Un exemple de liberté de la presse, de transparence, et de probité.

Qui oserait douter de l’authenticité des informations délivrées par le gouvernement – à ses propres citoyens, tout comme au reste du monde ?

Fin 2019, une dépêche officielle portant sur un événement intérieur. L’apparence est anodine. La localisation si lointaine : quelques individus infectés par un coronavirus.

Un nouveau coronavirus en Chine ! Le 31 décembre 2019, 27 cas de pneumonie d’étiologie inconnue, dont 7 cas graves, ont été rapportés par les autorités sanitaires chinoises ; tous ces cas ayant comme lien commun le marché de Wuhan en Chine Centrale (un marché de poissons et d’animaux vivants vendant différentes espèces animales). Les cas ont montré des symptômes respiratoires tels que fièvre, dyspnée et il a été rapporté des aspects radiologiques compatibles avec des lésions d’infiltration pulmonaire bilatérales

Pour la majeure partie des infectiologues internationaux, pas de quoi crier au loup.

Ce n’est pas parce que 3 chinois s’enrhument, que le monde doit tousser ! Il faut savoir raison garder.

 

Avènement de l’Art Divinatoire

Pourtant, certains révélèrent d’insoupçonnables pouvoirs. Ils prédirent l’avenir. Des esprits éclairés devinèrent que cet apparent « non-événement » constituait les prémisses d’une pandémie sans précédent. Un fléau mortel allait perturber l’existence de plus de 7 milliards d’humains.

Parmi eux, un inconnu. Un médecin germano-turc, devenu entrepreneur en 2008: Ugur Sahin. Avec son épouse, il est propriétaire d’une entreprise pharmaceutique… presque familiale : BioNTech.

«En janvier 2020, lorsque la séquence génétique du virus et d’autres informations initiales sont devenues disponibles, mon équipe chez BioNTech a lancé un programme de développement d’un vaccin», explique le PrSahin.

Incroyablement bien inspiré. Alors que ses confrères tentaient de rassurer les foules, il s’attelait déjà au développement d’un futur vaccin destiné à sauver l’espèce humaine. Il deviendra le héro de la planète entière. Mais aussi un tout nouveau milliardaire. Enrichi, malgré lui, pendant que les systèmes de soins nationaux se paupérisaient.

Et, oui. Des sauveurs providentiels parvenaient à prédire l’imprévisible. Quoi de plus normal qu’ils en soient récompensés ?

 

Le crépuscule des savants

Contrairement à la révélation « Ugur Sahin », des sommités du monde scientifique allaient enfin être démasqués.

Dans le monde

John Ioannidis, Robert W Malone, Satoshi Omura … Autant d’illustres médecins finalement discrédités. Leurs discours ignorés. Des ex-gloires de la médecine subitement dépassés par la pertinence d’analyse du philanthrope Bill Gates, et des brigades anti-fake-news, mises en ordre de marche par les nouveaux détenteurs de la vérité: les réseaux sociaux.

En France
Les rassuristes

La France dut également procéder à une véritable chasse aux sorcières. Plusieurs universitaires furent déchus: Christian Perronne, Jean-François Toussaint, Laurent Toubiana, Alexandra Henrion-Caude, Laurent Mucchielli, Barbara Stiegler… Tous, infectés par une étrange épidémie de complotisme aigu.

Le gourou

A Marseille, le plus reconnu des infectiologues français allait même se voir menacé par un confrère à l’anonymat téléphonique maladroit. Perte de temps, Professeur Raffi ! Il suffisait de le laisser se ridiculiser tout seul… Le Professeur Didier Raoult appartenait à la liste des chercheurs les plus cités au monde. Une carrière internationale de plus de  40 ans, un h-index à 3 chiffres, la fondation d’un institut hospitalo-universitaire reconnu à l’international. Ce triste iconoclaste allait démontrer que tout cela ne s’avérait être en définitive qu’une vaste fumisterie.

Préconiser des tests PCR pour rechercher les patients infectés. Chercher à traiter les phases précoces de COVID. Conseiller un relevé systématique de la saturation en oxygène. Evoquer la possibilité que les différentes phases épidémiques soient dues à différents variants viraux…. Trop, c’est trop. Il n’en fallu pas plus pour reconsidérer en gourou cette ex-figure de proue de l’infectiologie.

 

Une inversion des valeurs traditionnelles s’initiait. L’histoire de la médecine amorçait un tournant radical. La science n’appartiendrait désormais plus aux scientifiques, mais bel et bien aux extra-lucides, aux « initiés » (supposés sans délit).

 

L’origine du mal

Les alarmistes avaient eu le nez fin. Le SARS-Cov2 (de Wuhan) s’avéra vite être significativement différent des autres membres de la famille des habituels coronavirus.

Difficile de déterminer d’où provenaient ces particularités. Il se distinguait néanmoins par son pouvoir pathogène. Aussi bien en termes de contagiosité que de létalité.

Mais alors, d’où est-il venu ?

La thèse complotiste

Des originaux ont pensé que l’être humain pouvait être, lui-même, responsable du fléau. Volonté délibérée pour certains. Erreurs de manipulation pour les autres.

Mais les gardiens de la science n’allaient pas se laisser abuser par une simple succession de coïncidences :

  •  Outre le marché d’animaux, à Wuhan, existait un laboratoire de recherche en virologie de niveau P4.
  • Partenariat avec l’INSERM. Son Président et Conseiller d’Etat exceptionnel, le Pr Yves Levy avait ainsi participé à l’inauguration. Il n’est autre que le mari de la ministre de la santé en fonction au 1er Janvier 2020, Madame Agnès Buzyn.
  • Dans ce laboratoire « haute sécurité », on effectuait des expérimentations sur… des coronavirus. Nommées « gain de fonction », elles consistaient à induire de nouvelles potentialités chez les virus en agissant sur leur code génétique.
  • Les États-Unis auraient co-financé lesdits projets. Le Pr Fauci, haut conseiller en politique sanitaire des USA, aurait lui-même fait parti des collaborateurs internationaux ayant participé à ces travaux menés en Chine.
  • En France, un prix Nobel de médecine déclara avoir étudié le génome du coronavirus de Wuhan. Selon le Pr Luc Montagnier, il existait des séquences d’ADN qui plaidaient pour des remaniements artificiels du code génétique. Il y voyait les résultats d’interventions humaines en génie génétique… Sénilité, syndrome du Nobel, chant du cygne complotiste, ou crise de démence. Son témoignage engendra sa définitive disqualification au sein du respectable monde scientifique.
La thèse « rationnelle »

Les intellectuels français jugèrent une explication officielle bien plus crédible. Pourquoi diantre chercher un quelconque lien entre le laboratoire P4 de Wuhan et l’apparition du  SARS-Cov2 au même endroit ?

Un pangolin vendu à la foire aux bestiaux constituait l’hôte intermédiaire de l’agent infectieux. Ingéré par des humains, il les aurait contaminé. Quoi de plus simple ?

Pourtant, les analyses comparatives des génomes viraux ont vite balayé ce scénario, pourtant original.

Il fallu donc chercher un autre hôte intermédiaire pour expliquer le passage du coronavirus de la chauve souris à l’être humain. S’il existe, celui-ci court toujours, 2 ans plus tard… l’ornithorynque ?

 

La victoire de l’esprit critique: vraiment ?

Mais finalement, trouver l’origine du nouveau virus… Un détail, direz-vous.

Alors, qu’importe le retard des investigations, timidement menées par les autorités sanitaires internationales.

Qu’importe l’opacité des rares informations transmises par les autorités chinoises aux enquêteurs de l’O.N.U.

Le problème n’était pas là. Un fléau mortel menaçait.

Les regards se sont donc focalisés naturellement sur les actions à mener pour assurer la survie de l’espèce.

Les partisans de la rigueur scientifique se sont donc satisfaits de l’explication pangoline bancale.

Ceux qui en doutaient encore ? D’affreux obscurantistes. Des complotistes. Pas question de les réhabiliter, eussent-ils finalement raison !

Désormais, la parole officielle devenait parée à priori d’une aura de validité rationnelle. Plus de place pour l’incertitude. Le doute n’est plus à la mode.

Qu’importe les données contradictions. Vive l’indulgence populaire vis-à-vis des approximations sanitaires. Oui aux stratégies hasardeuses.

L’industrie pharmaceutique publiaient désormais des données aussi fiables que celles des chercheurs indépendants. Il n’y avait plus aucune utilité à rechercher des liens d’intérêt chez ceux qui s’exprimaient.

La confiance dans les médias, les politiques et la finance n’avait jamais été aussi totale. La publicité était devenue l’égale des publications scientifiques (et vice-versa). La corruption avait disparu. L’union « public/privé » était sacrée pour faire face à l’adversité de Dam’Nature. On en s’en serait presque ému.

La transition finale avait eu lieu:

  • Le sens critique devenait du complotisme…
  • Les intérêts politico-financiers dictaient désormais LA vraie science.

« Si deux théories expliquent également bien un résultat, il convient de « trancher » en faveur de la plus simple » (Hubert Reeves)

Le jour, où la raison a omis d’appliquer le rasoir d’Ockham, elle a acté aveuglément la culpabilité du pauvre pangolin.

Le futur était bien mal engagé. Ce jour-là, les lumières s’éteignirent en occident…

 

 

 

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