Qui a eu la peau de la chloroquine ?

Une utilité de la chloroquine pour prévenir la survenue de COVID ?

Une exigence méthodologique à géométrie variable

Les adeptes de la méthodologie scientifique rigoureuse n’ont cesser de réclamer les fameuses  « études randomisées, en double aveugle » . Plus intransigeants que pour l’évaluation des miraculeux vaccins à ARNm, ils jugent que  seul ce niveau de preuve « suprême » est susceptible de légitimer l’usage des dérivées de quinine, hors AMM, comme traitement précoce du COVID.

On a moqué, dénigré et disqualifié par principe les simples études observationnelles. A quoi servirait le recueil des données brutes, accumulées tout au long des soins prodigués à des milliers de patients ? A quoi bon chercher à les analyser, à en tirer un enseignement ? La démarche empirique semble révolue. Dépassée, archaïque, et sans aucun intérêt. Ainsi, seuls les protocoles à grande échelle peuvent désormais valider un traitement. L’urgence à approuver les nouveaux vaccins anti-COVID n’a pas semblé influencer le recours à des vieilles molécules prescrites depuis des décennies. Or, les études randomisées posent des questions éthiques en état d’urgence sanitaire. De plus, elles sont couteuses et demandent des démarches administratives complexes (accréditation du protocole par les autorités compétentes). Elles nécessitent l’intervention de fonds privés et/ou le partenariat entre plusieurs grandes institutions de dimension nationale, voire internationale.

Entre autres, SOLIDARITY, DISCOVERY et RECOVERY avaient donc cet objectif.  Hydroxychloroquine, Remdesivir, Dexaméthasone, lopinavir et l’interferon beta-1a… Elles devaient comparer l’efficience et l’innocuité de différentes stratégies thérapeutiques.

Des conclusions rendues avant le terme des études

Elles ont pourtant écarté l’hydroxychloroquine avant le terme du protocole. Cela constitue un événement inédit. Les promoteurs ont jugé la poursuite de son évaluation inutile suite à la publication d’un article, révélé fallacieux, dans le prestigieux Lancet. On y affirmait la dangerosité de la molécule. Ce papier reposait sur des données invérifiables, fournies par une société opaque aux accointances mafieuses. La revue l’avait malencontreusement publié prématurément. Elle l’a rapidement rétractée. Mais trop tard. Les conclusions de la publication frauduleuse avait largement pénétré l’opinion publique, via les médias. Relayées par les plus grandes instances sanitaires, elles ont dicté les décisions sanitaires, prises au plus haut niveau du pouvoir politique. Le ministre français de la santé a interdit la prescription d’hydroxychloroquine hors A.M.M. Le pouvoir politique réduisait ainsi la liberté de prescription par les médecins dans l’indifférence la plus totale.

Sur le terrain, certaines équipes de recherche ont mené  les protocoles à leurs termes… mais, le mal était fait… Ils n’ont pu aboutir…

« Dommage, mais sans conséquence » diront ceux qui ont depuis longtemps la certitude de l’inefficacité, et de l’improbable dangerosité,  de ce traitement prescrit par milliards de doses depuis sa découverte.

 

Voici la synthèse d’une d’entre elles. Menée par une équipe mexicaine de recherche. Les auteurs ont décidé de publier leurs travaux le 9 Février 2022 dans Plos One. Si ils ne parviennent pas à conclure, le témoignage qu’ils livrent sur les raisons qui menèrent au fiasco paraît éclairant.

Hydroxychloroquine for prophylaxis of COVID-19 in health workers: A randomized clinical trial

Jorge Rojas-Serrano , Angelica Margarita Portillo-Vásquez,Ireri Thirion-Romero, Joel Vázquez-Pérez,Fidencio Mejía-Nepomuceno,Alejandra Ramírez-Venegas,Karla Midori Pérez-Kawabe,Rogelio Pérez-Padilla  

Plos One February 9, 2022

Résumé

Introduction

Les professionnels de santé courent un risque élevé d’infection par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2). Notre objectif est d’évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’hydroxychloroquine (HCQ) pour la prophylaxie de la maladie à coronavirus 19 (COVID-19) chez le personnel de santé exposé à des patients infectés par le SRAS-CoV-2.

Méthodes

Essai clinique monocentrique randomisé en double aveugle contre placebo. Les sujets inclus étaient des travailleurs de la santé s’occupant de patients atteints de COVID-19 sévère. Le résultat principal était le délai d’infection symptomatique par le SRAS-CoV-2.

Résultats

127 sujets avec un test RT-PCR SARS-CoV2 négatif au départ confirmé inclus dans l’essai. 62 assignés à HCQ et 65 au placebo. Un sujet (1,6 %) du groupe HCQ et 6 (9,2 %) sujets du groupe placebo ont développé le COVID-19 (test Log-Rank p = 0,07). Aucun cas grave de COVID-19 n’a été observé. L’étude a été suspendue en raison d’un refus de participer et de pertes de suivi après que plusieurs essais ont rapporté un manque d’efficacité de l’hydroxychloroquine chez des patients hospitalisés atteints de COVID-19.

Conclusion

Bien que cela ne soit pas statistiquement significatif, la taille de l’effet pour l’hydroxychloroquine était supérieure à celle du placebo sur l’infection symptomatique au COVID-19 chez le personnel de santé. L’essai est sous-dimensionné en raison de l’impossibilité d’atteindre la taille d’échantillon prédéterminée par le protocole.

 

Pourquoi cette déconvenue ?

Les auteurs nous précisent le contexte dans leur discussion.

 

L’adhésion au traitement était bonne en général, mais il y a eu un nombre élevé de personnes perdues de vue. La suspension d’études évaluant l’HCQ chez les patients COVID-19 ont débuté avec la publication d’un article dans Lancet (rétracté plus tard) qui faisait état d’effets indésirables graves et d’une faible efficacité du traitement.

Cet article, et les arrêts successifs des études sur l’HCQ qui suivirent, ont sapé la confiance de la population générale dans cette molécule, dès la diffusion de ces informations dans les médias mainstream.

Peu à peu, nos sujets ont manifesté de nombreux doutes quant à la poursuite de l’intervention, et certains ont quitté l’étude par manque de confiance.

Les informations portant sur les arrêts d’études ont été diffusées par les journaux et les médias, y compris au Mexique. Elles ont fortement influencé la population générale. Elle a adhéré à des résultats négatifs avant même qu’une publication appropriée évaluée par des pairs ne soit disponible et analysée, en raison du prestige et de l’importance considérables des institutions qui menaient les protocoles interrompus.

De plus, les participants (et participants potentiels) travaillaient dans des centres dédiés à la prise en charge du COVID-19 et étaient bien informés de la progression des essais internationaux sur le traitement du COVID-19.

Des dizaines d’études évaluant l’HCQ comme traitement avaient initié  des essais cliniques. Il est probable que plusieurs d’entre elles se soient soldés par des échecs, comme le nôtre. Néanmoins, et heureusement, les informations pourront être compilées ultérieurement dans des méta-analyses et des analyses systématiques. Quoi qu’il en soit, nous avons dû suspendre notre essai sans qu’il atteigne la taille d’échantillon prévue. Il a donc finalement manqué de puissance statistique.

 

Conclusion

Une piste thérapeutique contestée dès le début de l’épidémie. L’argument d’une toxicité cardiaque mise en avant. Des études observationnelles indépendantes discréditées. La publication d’une étude frauduleuse anti-chloroquine par une revue prestigieuse. La suspension d’essais randomisés sur la base de cette fraude scientifique. Une interdiction de prescription imposée aux médecins français. Des échecs en cascade pour les études qui ont tenté de poursuivre: faute de candidats…

Question aux fact-checkers: La science a-t’elle vraiment pu s’exprimée sans encombre ?

 

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