Coronavirus sur des surfaces: quels risques réels ?

Depuis Mars dernier, des inquiétudes concernant la survie du coronavirus sur les surfaces environnantes ont entraîné une frénésie d’achats de désinfectants. Les rayons des supermarchés s’en sont littéralement vidés. On a observé une pénurie en désinfectants pour les mains, ou en lingettes nettoyantes. Une vidéo montrant un médecin du Michigan désinfectant ses courses, article par article, a dépassé les 26 millions de vues sur YouTube.

Devant la persistance de la pandémie de coronavirus, il reste plus important que jamais de se protéger du micro-organisme. Mais nous savons maintenant que le virus qui cause le COVID-19 se propage principalement par gouttelettes respiratoires circulant dans l’air.

Alors, peut-on vraiment attraper le COVID-19 en touchant une boîte de céréales achetée au supermarché ou un colis livré à domicile ?

C’est théoriquement possible, mais hautement improbable, selon Dean Blumberg, chef de service en maladies infectieuses à l’hôpital des enfants UC Davis (Sacramento).

Pour lui, il faudrait une rare séquence d’événements :

  1. Premièrement, il faut qu’une personne expectore sur la surface une quantité de virus suffisante pour provoquer une infection.
  2. Ensuite, le virus doit survivre assez longtemps. Jusqu’à ce que quelqu’un touche cette surface et infecte ses mains de germes contaminants.
  3. Enfin, sans se laver les mains, il lui faudra se toucher les yeux, le nez ou la bouche.

 

Le coronavirus sur les surfaces

Des chercheurs ont découvert que le coronavirus pouvait survivre sur des surfaces non biologiques. Une étude du New England Journal of Medicine d’Avril a montré qu’il pouvait subsister jusqu’à 3 jours sur du plastique ou de l’acier inoxydable. Sur du carton, la survie serait d’1 jour. Une autre étude Chinoise a révélé que le virus pourrait voyager sous nos semelles.

Mais ces résultats ont conduit à exagérer le risque de transmission du COVID-19, pour Emanuel Goldman, professeur de microbiologie, biochimie et génétique moléculaire à  l’Université du New Jersey. Dans une réponse publiée dans The Lancet Infectious Diseases, en Mai dernier, il écrit que l’étude du NEJM utilisait des concentrations de virus beaucoup plus élevées que celles que les gens sont susceptibles de trouver en vrai.

«À mon avis, le risque de transmission par des surfaces inertes est très faible. Seulement dans les cas où une personne infectée tousserait ou éternuerait sur une telle surface et qu’on viendrait à toucher cette surface juste après la toux ou l’éternuement (dans les 1 à 2 heures) », y conclue Goldman.

Fondamentalement, il faudrait la succession parfaite des événements décrits par Blumberg pour tomber malade en touchant quelque chose de contaminé.

En outre, des études ont seulement prouvé que le virus reste vivant quelque temps sur les surfaces. Mais elles ne prouvent en aucun cas qu’on peut s’infecter en les touchant. La survie du virus ne suffit pas à conclure qu’il peut être transmis de cette façon.

Fin Mai, le Centre de Contrôle et de Prévention des maladies  a mis à jour son site Web. Il y est indiqué qu’il est possible, mais peu probable, que les gens attrapent le virus ainsi. La transmission via surface pourrait avoir joué un rôle dans deux cas publiés. Une étude récente en Chine a rapporté une possible transmission via un bouton d’ascenseur. Un rapport de cas dans un hôpital sud-africain suppose que du matériel médical contaminé aurait pu contribuer à propager le virus.

 

La bonne façon de se protéger du COVID-19

Au quotidien, les gens ne doivent pas devenir obsédés par les surfaces. A trop se concentrer sur leur désinfection, ils pourraient passer à côté des véritables voies de contamination.  Cette question des transmissions indirectes (via les objets, matériaux) détourne les gens des réelles actions préventives à mener. Le Pr Blumberg recommande plutôt d’appliquer le port de masques et la distanciation sociale.

Certaines personnes pulvérisent de l’eau de javel ou d’autres nettoyants agressifs sur tout ce qui les entoure. Ils ne doivent pas oublier que les désinfectants présentent également des risques. D’une part, ils peuvent intoxiquer les poumons et aggraver les symptômes de l’asthme. Ces produits peuvent également irriter la peau s’ils ne sont pas maniés avec précaution. Beaucoup de ces désinfectants justifieraient le port de gants.

Le port d’un masque lors de contacts étroits et prolongés avec d’autres personnes est une stratégie de protection éprouvée. Elle pourrait réduire le risque de contamination par COVID-19 d’environ 65%. Conserver un éloignement d’1 m 50 avec la personne la plus proche permet également de tenir le coronavirus à une distance de sécurité.

Se laver les mains avec du savon et de l’eau est toujours bienvenu. Le lavage des mains est particulièrement important après être sorti en public,  être allé aux toilettes et avant de manger. Bien qu’on ne puisse pas attraper le COVID par la nourriture, il y a une léger risque de se contaminer par les mains souillées qui portent cette nourriture à la bouche.

Le Pr Blumberg conclue ainsi: « Gardons notre environnement propre, mais n’allons pas trop loin dans la désinfection ! Il est peu probable que de réels bénéfices le justifient. »

 

RéférencesMedscape Coronavirus on Surfaces: What’s the Real Risk? by Stephanie Watson, September 03, 2020

 

 

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