Fake-news autorisées: exemple d’un article des Echos

Largement partagé sur les réseaux sociaux, un article des Echos prétend expliquer comment la vaccination a permis de contenir la 4ème vague épidémique en France. Le titre est choc. Il valide clairement l’impact favorable de la campagne de vaccination sur la cinétique des contaminations. Les instances sanitaires de Singapour (85% de vaccinés pour une vague d’une intensité inédite) apprécieront le raccourci.

 

Voici, 5 principales raisons pour lesquelles l’article des Echos ne repose sur aucun fondement scientifique, mais s’apparente plus à un démarche de propagande….

 

1/Comparer 2 vagues

pour comparer l’ampleur d’une vague (ici, de contaminations), il ne suffit pas de comparer la hauteur des cloches successives mais aussi leur largeur (la durée des différents épisodes). Un statisticien parlera d’aire sous la courbe

Reste à déterminer là où se situent les limites de chaque vague (fin de la précédente et début de la suivante). Lorsqu’il n’y a pas de retour à la ligne de base (fin d’un épisode épidémique), ce choix paraît quelque peu arbitraire…

 

2/ Comparaison de deux vagues, ok… mais vagues de quoi ?

Ici, l’auteur parle visiblement de vagues de cas de contaminations.

Les chiffres en sont donc grandement influencés par la politique de tests contemporaine à chaque épisode (nombre de tests pratiqués sur la période considérée).

Pour illustrer ce biais, il suffit de prendre en compte le graphique des différentes vagues, mais dans son intégralité : depuis la première vague ! (le journaliste a curieusement décidé de n’utiliser la courbe qu’à partir de la seconde… étrange restriction…)

 

 

 

3/ Attention aux comparaisons dans le temps : équivalence des contextes ?

Elles exposent à des facteurs de confusion inhérent aux différentes caractéristiques des périodes de l’année. Ici, la saisonnalité influe indéniablement (cf graphique sur la saisonnalité) Tenir compte de cette donnée supplémentaire complexifie grandement l’analyse… certes.

Mais, est-ce une raison pour l’omettre et/ou légitimer une simplification outrancière ?

 

 

 

4/ D’autres biais liés à l’histoire naturelle d’un éco-système en mouvement constant

Les caractéristiques des populations cibles du virus évoluent dans le temps. L’acquisition inévitable d’une immunité naturelle par les individus ayant été exposés au SARS-Cov2 est à prendre en compte. Nombreuses publications sur ce thème commencent à paraître. L’immunité naturelle post-infection serait plus complète et plus durable que celle acquise par la vaccination. En outre, les anticorps développés vont réagir à l’intégralité des protéines virales. Dans le cas des « vaccins » à ARNm, la stratégie immunitaire se limite à une et unique protéine virale : la fameuse protéine Spike…

Compte tenu de cette incontestable donnée de Santé Publique, on peut s’attendre légitimement à observer une réduction de l’ampleur des pics successifs de contaminations … par un simple mécanisme d’immunisation progressive, même si incomplète, de la population. Un phénomène bien connu par observation du devenir des virus à faible létalité.

 

 

 

5/ Des épidémies successives par des agents pathogènes différents

L’autre caractéristique du SARS-Cov2 est d’être un virus à ARN… donc en transformation (mutation) constante. Cette réalité a été précisée grâce aux nombreux séquençages de génomes pratiqués en Europe (quelques-uns en France, à l’IHU de Marseille essentiellement). Souche Epsilon de Wuhan, puis les variants Alfa (U.K), Béta (Afrique du Sud), des élevages de vison français (Marseille 4), Delta (Indien)…

L’existence d’agents pathogènes distincts (même si racine commune) et successifs ont permis de comprendre et d’expliquer ces improbables récurrences épidémiques.

Les différentes vagues ont correspondu chaque fois à des épidémies de différents variants du SARS-Cov2. Chacun d’eux présente des caractéristiques infectieuses particulières : aussi bien, en terme de contagiosité que de virulence.

Comparer de vagues épidémiques concernant des agents pathogènes différents est juste une démarche fallacieuse. Les résultats sont forcément très délicats à interpréter.

 

Conclusion :

 

Quand on observe la succession des vagues COVID – vagues de cas, vagues de malades, mais aussi vagues de décès – il est impossible de préciser, pour les différences observées, l’imputabilité relative à chacun des différents facteurs d’influence. 

Impact de la saisonnalité/du climat, changements liés à l’évolution du micro-organisme, influence des politiques sanitaires contemporaines à chaque épisode épidémique (techniques de recueils des données, nombre de tests, rôle de l’applications des mesures de prévention/confinement/pass…), effets de l’acquisition progressive d’une immunité naturelle (qui s’affirment avec la proportion grandissante d’individus exposés au virus)… toutes ces données devraient être prise en considération. Impossible de déterminer si la réduction d’ampleur de la 4ème vague est liée aux effets de la vaccination ou aux caractéristiques évolutives du virus.

Aucune conclusion ne peut être tirée des données exploitées.

La démarche du journaliste n’est donc ici en aucun cas scientifique.

Elle consiste a défendre une hypothèse qu’on souhaite privilégier. On précise le scénario susceptible de confirmer la croyance initiale défendue. Il suffit alors de prélever des données qui abondent dans le sens de l’hypothèse initiale. Et d’attribuer « par à priori », les variations louées, à la mesure qu’on souhaite promouvoir.

 

Cette démarche peut probablement fonctionner en politique, en marketing. Mais, elle s’avère inacceptable dans le domaine des sciences médicales.

 

Le titre de cet article des Echos est donc racoleur, mais aussi parfaitement inexact. Il semble pourtant être passé au travers du filtre de la vérification de l’information par les réseaux sociaux, et oublié par l’analyse critique des fact-checkers… Quel dommage…

 

 

 

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