Addictions: Vous avez dit « salles de shoot » ?

 

Les « salles de shoot », dédiées aux addictions, sont improprement nommées de la sorte par les médias. Plus grave encore, elles le sont  également souvent par certains professionnels de santé et/ou responsables politiques… Il est aisé de comprendre que le contribuable aura ainsi du mal à comprendre qu’il lui soit demandé de financer un lieu à visée récréative où les « toxicomanes » pourront venir s’adonner à leur vice en toute impunité… Les professionnels de santé auraient-ils perdu la tête ? Notre société chercherait-elle à encourager les déviances d’une minorité marginale ?

Il est nécessaire de mieux préciser ce que sont ces fameuses « salles de shoot ». Elles consistent en réalité en des dispositifs sanitaires qui permettent à des personnes dépendantes (ici, aux opiacés) de bénéficier d’une assistance médicale pour les injections auxquelles elles seront inexorablement contraintes, de par leur maladie addictive : c’est donc ce que l’on appelle une délivrance d’héroïne médicalement assistée.

Par définition médicale, les personnes « addicts » ont perdu le pouvoir d’agir sur leurs consommations (les réduire ou les interrompre); ce, en dépit de leur volonté et de la prise de conscience des dommages engendrés par celles-ci.

En encadrant médicalement les administrations de cette substance addictive, il est vrai qu’il ne s’agit pas d’une prise en charge véritable de la maladie addictive, proprement dite. Ces dispositifs s’inscrivent en fait dans une politique de réductions des risques (et des dommages) qui découlent des addictions.

Concernant les personnes dépendantes aux opiacés, les bénéfices attendus en terme de Santé Publique sont majeurs et multiples : diminution des risques d’overdoses, diminution des risques de contaminations virales (VIH, hépatites…), diminution de la criminalité… Au delà de ces avantages sanitaires incontestables (et déjà confirmés par les expérimentations menées au sein de différents états), les « salles de shoot » (sic) constituent une passerelle pour permettre la prise de contact entre une population, en situation précaire, et un dispositif de soin qu’elle ne serait probablement pas venue solliciter.

Un accueil bienveillant, une écoute attentive peuvent être les moyens d’initier une relation thérapeutique, de délivrer des informations médicales pragmatiques concernant les véritables traitements de l’addiction aux opiacés, puis d’en envisager l’initiation. Le patient passera alors d’une recherche de simple « substitution » (préventive des complications éventuelles) à une demande de soins curatifs. L’objectif final sera alors le maintien d’une abstinence durable et totale, moyennant des traitements qui ont fait preuve d’une balance bénéfices/inconvénients indéniablement et largement favorable.

La pluri-disciplinarité des intervenants est un aspect essentiel de la prise en charge des addictions : travailleurs sociaux, psychologues, médecins et infirmiers sont tous des maillons essentiels à l’accompagnement des patients dans une lutte contre un fléau sanitaire qui n’est plus une fatalité. Les moyens d’y faire face doivent donc être mis en œuvre dans l’intérêt de tous.

Voici un article récent qui illustre un des multiples avantages à dépasser les « à prioris », les peurs irraisonnées et les idéologies d’arrière-garde.

 

ENTRETIEN – La salle de shoot de Genève a porté ses fruits. Après quinze ans d’existence, il n’y a plus de nouvelle contamination au VIH parmi les usagers de drogues injectables..

Source : www.pourquoidocteur.fr

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