SARS-Cov2 : recordman mondial de l’anxiété

Cette nomination s’appuie sur un article paru dans le JAMA Psychiatry. Publié le 18 Février 2021 dernier, il évalue la survenue de troubles stress post-traumatique (TSPT) dans les suites d’un COVID-19 sévère.

Se présenter aux urgences de l’hôpital pour des symptômes dus au SARS-Cov2 constituait le critère de sévérité. Les chercheurs ont ainsi inclus dans l’étude 381 patients COVID-19 guéris de l’infection.

Les auteurs ont mis en évidence 30% de stress post-traumatique dans les suites de l’infection par coronavirus.

Ils illustrent les résultats par un tableau comparatif. On y visualise les prévalences de TSPT:

  • post-Covid-19,
  • à la suite d’autres coronavirus,
  • après d’autres événements à forte charge traumatique.

 

 

 

Comparaison avec d’autres coronavirus

Un potentiel anxiogène égal…mais plus subjectif
Mers-Cov

Les patients infectés par le MERS-Cov de 2002 auraient développé des TSPT dans 32 % des cas.

  • La létalité du MERS-Cov est évaluée à 32 %. Un patient atteint de MERS  sur 3 décédait.
SARS-Cov1

Les patients infectés par le SARS-Cov1 en 2012 ont développé, également, des TSPT dans 32 % des cas.

  • La létalité du SARS-Cov1 est évaluée à 10 %. Un patient infecté par le SRAS sur 10 décédait.
SARS-Cov2

1 patient hospitalisé pour COVID-19 sur 3 développe un TSPT après guérison.

  • On évalue la létalité par COVID-19 autour de 0,68 %¹. Moins d’un patient infecté par le SARS-Cov2 sur 100 décède.

 

 

Une létalité bien moindre

On pourrait, d’abord, trouver logique que le potentiel traumatique du récent coronavirus soit comparable aux précédents coronavirus.

Mais, si on considère que le SARS-Cov2 se révèle 10 à 30 fois moins mortel que ces prédécesseurs, on mesure tout le mérite qui lui revient de les égaler ainsi dans la terreur provoquée.

 

 

Comparaison avec d’autres événements traumatiques

 

Katrina

Durant la saison cyclonique 2005, dans l’océan Atlantique nord, les Etats-Unis ont connu l’ouragan le plus puissant de leur histoire.

Caractéristiques

Un rayon de plus de 650 km. Il a atteint les côtes à proximité de La Nouvelle-Orléans et de Biloxi, le 29 août 2005 vers 11 h00. Il évita partiellement la ville de La Nouvelle-Orléans en bifurquant au dernier moment vers l’est. Son œil a eu une largeur de 40 kilomètres et ses vents ont pu atteindre 280 km/h.

Conséquences

Ce n’est que deux jours avant l’arrivée de l’ouragan, après un coup de téléphone du président Bush, qu’on décide l’évacuation volontaire du Sud de la Louisiane sur la trajectoire de l’ouragan. L’évacuation de la Nouvelle Orléans est initiée en raison du risque de submersion d’une partie de celle-ci. Au large, des vagues de 11 mètres sont observées. Après son passage, plusieurs États des États-Unis se sont retrouvés sous les eaux. Katrina a ainsi amené la désolation sur La Nouvelle-Orléans et toute la Louisiane.

Au moins 141 500 sinistrés, hébergés dans des centres et foyers d’accueil mis en place dans 18 États. Plus d’un million de louisianais pourraient avoir été déplacés par la catastrophe. Plus de 200 050 foyers relogés par les pouvoirs publics durant près de cinq ans. Le bilan humain est lourd en effet: 1836 sont décédés le jour du passage de Katrina (premier ravage vers 11 heures) ainsi que 135 disparus.

Temporalité courte et confrontation directe

Tous les ingrédients du traumatisme psychique étaient présents:

  • début brutal,
  • annonce de la catastrophe 48h avant sa survenue,
  • observation directe du phénomène météorologique par les victimes,
  • déplacements de foules, décidés par des autorités dépassées,
  • sentiment d’impuissance, face aux éléments déchainés incontrôlables,
  • désastre intervenu en un intervalle de temps extrêmement réduit,
  • contact direct des populations avec les conséquences objectives.
Pas mieux que le coronavirus

L’événement fut spectaculaire. Pourtant, il ne traumatisa pas plus que l’épidémie actuelle. Katrina a induit autant de stress post-traumatiques parmi ses victimes que le COVID-19 chez les hospitalisés. Une sacrée performance pour notre « coronavirus star ».

 

 

Le tremblement de terre au Japon de 2011 et la catastrophe de Fukushima
 

 

Caractéristiques

Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Japon. Ce fut un tremblement de terre d’une magnitude 9,1. Il est survenu le 11 mars 2011. L’intensité sismique maximale fut enregistrée à Kurihara: 73 sur l’échelle de Shindo (son grade le plus élevé).

Il a engendré un tsunami. Des vagues ont atteint une hauteur estimée à plus de 30 m par endroits. Celles-ci ont parcouru jusqu’à 10 km à l’intérieur des terres. Elles ravagèrent près de 600 km de côtes et détruirent partiellement ou totalement de nombreuses villes et zones portuaires.

Bilan

Ce séisme a engendré 18 079 morts et disparus. On recensa de nombreux blessés et des destructions considérables.

La destruction d’habitations obligea les populations à chercher refuge dans des centres mis à disposition. Quelque 550 000 personnes furent ainsi évacuées. Une semaine après le séisme, 387 000 personnes étaient accueillies dans quelque 2 200 structures d’accueil.

Ce bilan a plusieurs causes :
  • le séisme, bien que de magnitude 9, n’a occasionné que peu de victimes et de dégâts grâce à la qualité des constructions parasismiques japonaises,
  • le tsunami, conséquence du séisme, fut à l’origine de plus de 90 % des morts et disparus, ainsi que de l’essentiel des dégâts matériels,
  • l’accident nucléaire de Fukushima, fut une conséquence du tsunami provoqué par le séisme.

 

Impact traumatique

En dépit de son caractère imprévisible et incontrôlable, cet événement apocalyptique n’aura pas été plus pourvoyeur de syndrome de stress post-traumatique que le SARS-Cov2.

 

 

Les attentats du World Trade Center

 

 

Caractéristiques

Est-il besoin de revenir sur les attentats qui glacèrent d’effroi la planète entière ? Les pires scenarii catastrophes ont été dépassés par ce message de terreur envoyé par les djihadistes: Vous n’êtes en sécurité nulle part.

Rien n’est impossible pour qui est prêt à se sacrifier pour servir sa cause. Le retour des kamikazes.

Bilan

Les attentats du 11 septembre 2001 furent les plus meurtriers jamais perpétrés. Le bilan officiel est de 2 977 morts et 6 291 blessés. L’attaque des tours jumelles provoque à elle seule le décès de 2 753 personnes, dont 343 pompiers et 60 policiers. Seules 1 643 victimes ont été formellement identifiées.

Psychotraumas du 11/11

D’après le tableau comparatif, les voisins du World Trade Center ont développé un trouble stress post-traumatique dans 20 % des cas. Un cas sur 5. Rappelons qu’un patient hospitalisé pour COVID-19 sur 3 présentera ce type de traumatisme psychique.

Le SARS-Cov2 : pourvoyeur de plus de terreur qu’Al Qaïda.

 

 

Conclusion

On aurait pu penser que le rapport entre « nombre de victimes » et « durée » d’un événement brutal pourrait influer son potentiel traumatique. Que l’expressivité des manifestations inhérentes à l’événement : bruits, observations, … sont des facteurs favorisants de traumatismes psychiques. Qu’une faible proportion de survivants parmi les sujets victimes d’un événement meurtrier influait notablement sur le risque de troubles psychiques secondaires.

Les enseignements de cet article

Etre atteint par le COVID-19 apparaît donc aussi traumatisant que d’avoir été malade du SRAS en 2003, ou du MERS en 2013. Pourtant, les patients avaient alors 10 à 30 fois moins de risque d’en décéder.

Les pires catastrophes naturelles ne semblent pas plus pourvoyeuses de stress post-traumatique qu’une hospitalisation pour COVID-19.

L’attentat le plus meurtrier (et tristement spectaculaire) que l’humanité ait connu ne génère pas plus de séquelles psychiques qu’une infection symptomatique par le SARS-Cov2.

Rendons à César

Il faut indiscutablement saluer la performance de cet agent infectieux microscopique.

Pas de tremblement de terre, ni d’explosion. Absence de raz de marée ou de manifestation bruyante.

Cette épidémie n’a été perçue par la population qu’à l’aune de la description qu’en firent les sources officielles d’informations. Il a fallu compter sur une incroyable stratégie de communication de guerre.

Une telle panique n’aurait pas été possible sans le fantastique relai opéré par les médias mainstream et les principaux organes de communication grand public. Les réseaux sociaux n’ont jamais autant été mis à contribution.

Le prix à payer pour discipliner les populations face au risque pandémique ? peut-être.

Un moyen de sauver des vies grâce à l’énumération quotidienne du nombre de décès avec « test PCR positif » ? restera à le démontrer.

La condition « sine qua non » pour engendrer une épidémie de trouble stress post-traumatique ? indéniablement.

 

 

 

Agresseur invisible, le SARS-Cov2 remercie les grands groupes médias et leur recherche effrénée de sensationnalisme. Sans eux, il ne serait jamais parvenu à provoquer une telle terreur collective.

 

Références:

1.Meyerowitz-Katz G, Merone L. A systematic review and meta-analysis of published research data on COVID-19 infection fatality rates. Int J Infect Dis. 2020 Dec;101:138-148. doi: 10.1016/j.ijid.2020.09.1464. Epub 2020 Sep 29. PMID: 33007452; PMCID: PMC7524446.

2.Janiri D, Carfì A, Kotzalidis GD, et al. Posttraumatic Stress Disorder in Patients After Severe COVID-19 Infection. JAMA Psychiatry. Published online February 18, 2021. doi:10.1001/jamapsychiatry.2021.0109

3.Wikipédia: Ouragan Katrina, Séisme de 2011 au Japon, Attentats du 11 Septembre.

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