Tabagisme: ce que l’on croit, ce que l’on sait, ce qu’on nous cache…

PARTIE 5

 

COMMENT UTILISER LE PATCH NICOTINIQUE ? RENVERSONS UN DOGME !

 

« Tu es fou de fumer sous patch ?! C’est super dangereux ! »

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Revenons à notre patch, si prometteur, et pourtant tellement souvent snobé par les candidats à l’abstinence – qui lui préfèrent bien souvent hypnose, acupuncture ou autre auriculothérapie…

Le conseil le plus souvent prodigué par les professionnels de santé lorsque leurs patients les informent de leur décision d’expérimenter ce traitement (souvent délivré sans ordonnance, malgré l’existence d’un remboursement d’un mois par la CPAM en cas de prescription) : « Surtout, ne fumez pas avec le patch. Si l’envie est trop forte, retirez le patch avant d’allumer une cigarette… »

Autant traduire cette recommandation par « si vous rechutez, arrêtez immédiatement le traitement…et abandonnez »

 

On a évoqué précédemment la nécessité d’un ajustage de la quantité de traitement aux particularités inter-individuelles de chacun (n’en déplaise à Monsieur Fagerström et à son célèbre questionnaire d’évaluation de la sévérité de dépendance à la nicotine). On comprend aisément que la probabilité d’enlever son patch pour succomber à une bouffée de cigarette est très élevée, sinon la règle. L’arrêt brutal du traitement est précipité par la crainte de faire un infarctus « illico-presto » ou de présenter des symptômes graves en cas d’association patch + tabac. Cet échec sera vite la risée de l’entourage. L’expérimentateur aura droit aux éternels lieux communs de la part des non-fumeurs: déclinaisons autour de l’importance de la volonté. Les autres, tabagiques décomplexés, le consoleront par leurs arguments paralogiques: on peut de toute façon se faire écraser dès demain en traversant la route, X est mort d’un cancer du poumon sans avoir jamais fumé ( !??)… Pour l’ex-patché le verdict sera sans appel : « les patchs ? j’ai essayé, ça marche pas ! »

 

Qu’aurait du faire notre fumeur, débordé par une insurmontable pulsion de s’allumer une cigarette, malgré le dispositif chargé d’administrer à son corps une quantité de nicotine, censée faire disparaître le « craving » ?

  1.  NE PAS ENLEVER SON PATCH !
  2.  S’il ne peut faire autrement: FUMER QUELQUES BOUFFEES DE CIGARETTE ET OBSERVER CE QUI SE PASSE
  3.  PRENDRE RENDEZ-VOUS AVEC SON TABACOLOGUE pour lui rapporter cette expérience difficilement évitable, et la transformer en étape constructive sur le chemin de l’abstinence
  4.  FAIRE REEVALUER SON TRAITEMENT INSUFFISAMMENT EFFICACE !

 

En effet: Pourquoi est-on confronté à une envie irrépressible de consommer malgré le dispositif de délivrance transdermique en nicotine correctement appliqué depuis plus de 48-72 h ?

  • Parce qu’on est sous-dosé !!!

Que se passera-t’il alors si je fume quelques bouffées de cigarette ?

  • Je vais palier au manque, qui persiste malgré la dose quotidienne administrée par le traitement transdermique.

Dans le pire des cas, que vais-je ressentir si je me force à finir ma cigarette, malgré la disparition de l’envi (par souci de ne pas gâcher, par exemple) ?

  • Apparition des signes de surdosage : bouche pâteuse, nausée, céphalée… Fort à parier que je vais écraser le reste de ma cigarette, malgré les scrupules engendrés par le prix prohibitif des sucettes à cancer

 

Alors pourquoi cette panique des professionnels de santé ? Oublient-ils que leurs patients et/ou clients se confrontent de façon chronique à un facteur de risque inégalé de cancer et autres maladies cardio-vasculaires ? Chaque fois qu’il absorbe sa fumée de cigarette, l’usager expose son organisme à ce risque important. A l’instar de certains militants anti-OGM arrachant allègrement les maïs transgéniques, pipe à la bouche (NDLR: toute ressemblance avec des personnes …), une hiérarchisation des risques s’impose. Il paraît un peu disproportionné de tant s’inquiéter pour la santé du fumeur qui commettrait l’imprudence de se provoquer un surdosage accidentel en nicotine. Le danger majeur réside dans le risque de lui laisser baisser les bras.

Si vous deviez sauter d’un avion en plein vol, conservez et utilisez votre parachute ! … même si des cas de blessures ont été rapportés par mauvaise utilisation de celui-ci…

Est-ce cohérent de proposer aux patients « patchés », d’associer d’autres modes de substitution (gommes ou dragées à la nicotine) en cas d’envi persistante, alors qu’on les met en garde contre les éventuelles conséquences « dramatiques » d’une simple bouffée de cigarette, sans retrait préalable de leur timbre inopérant ?

Si un individu fume malgré son patch, son tabacologue lui expliquera que le traitement est à une dose insuffisante, il lui proposera alors d’en augmenter la posologie avec des réévaluations régulières de l’effet obtenu (2 patchs à 21 mg/jour, puis 3 patchs, puis pourquoi pas 4, etc…)

LA BONNE QUANTITE QUOTIDIENNE DE PATCHS NICOTINIQUES SERA CELLE QUI PERMETTRA D’OBTENIR UNE DISPARITION TOTALE DES ENVIES SANS PROVOQUER AUCUN SYMPTOME DE SURDOSAGE !!! On comprend malheureusement que l’allergie cutanée constitue bien l’obstacle principal à cette stratégie pourtant simple, efficace, mais rarement appliquée…

 

Une autre erreur repose sur la DUREE CONSEILLEE DE TRAITEMENT… Qu’elle devrait-elle être ? Et bien aujourd’hui, les scientifiques peuvent s’accorder à dire … qu’ils ne le savent pas !! Tout au plus peut-on avancer qu’il existe une corrélation inverse entre la durée de traitement et le risque de rechute à l’arrêt de celui-ci. Plus je conserve le traitement longtemps et plus je diminue le risque de rechute et/ou j’en retarde l’éventuelle survenue.

Aucune donnée actuelle n’est en mesure de mettre en évidence une quelconque dangerosité au maintien d’un traitement par patch nicotinique sur le long cour. Que répondre à un fumeur qui déciderait de rester sous patches toute sa vie, moyennant une abstinence totale en tabac fumé ? Malgré les probables mises en garde de son entourage, celui-ci évincerait de son corps les agents cancérigènes et thrombogènes. Démarche hautement salvatrice.

Dans la pratique, donc, on peut oublier les protocoles, approximatifs et inopérants, conseillés au prix d’une généralisation absurde. La pratique consiste à évaluer avec attention et prudence la réapparition éventuelle des envies de consommer, lorsque la décision de diminution du traitement par patch est prise. Cette décroissance sera conseillée comme la plus progressive possible (les dosages à 14 mg et 7 mg trouvent ici leur véritable intérêt…) La poursuite d’un accompagnement spécialisé par un addictologue prend alors toute sa valeur.

Conclusion et sources

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