Traitement du tabagisme: ce que l’on croit, ce que l’on sait, ce qu’on nous cache…

PARTIE 1

cigarettecontenu

Un traitement réellement efficace pour arrêter de fumer existe-t’il bel et bien ?
Les publications scientifiques internationales peuvent-elles déjà être formelles ?

Déterminent-elles les approches probantes ?

Ce peut-il que le traitement le plus efficace ne soit toujours pas remboursé ? 

Son utilisation pourrait-elle pourtant être susceptible de sauver des vie ? Pourrait-elle permettre un bénéfice financier évident, comparativement aux couteux traitement des maladies cardio-vasculaires et autres cancers évitables ?

Et si ce traitement efficace n’était pas même correctement employé (car d’un maniement insuffisamment expliqué)Pire encore: peut-on imaginer qu’il pâtisse de mauvais conseils d’utilisation prodigués  par  les professionnels de santé ?

Ces fausses « bonnes pratiques » (mauvaises recommandations) pourraient-elles expliquer l’apparente inefficacité du traitement, dont témoignent ceux qui l’ont essayé ? Ces « échecs induits » auraient-ils contribué à l’image médiocre de cette méthode auprès de la population générale ?

De nombreux fumeurs auraient-ils ainsi été découragés – car mal informés des raisons de leur échec – alors qu’ils se trouvaient sur la bonne voie ?

Si ces questionnements, teintés de complotisme, s’avéraient exacts, nous serions face à une des plus grande incohérence médicale de notre époque. Illustration d’un des plus grands paradoxes de notre société :

les croyances et les dogmes résistent, et se répandent, mieux que les connaissances scientifiques avérées !    

ALORS, JUGEZ PAR VOUS-MÊME …

Prêt à découvrir ces fameuses révélations ? mais, avant tout…

La dépendance ?… c’est quoi en fait ?

Des voix s’élèvent parfois pour expliquer que le débat sur le traitement des addictions est clos: seule la volonté resterait véritablement efficace sur la dépendance.

Qui n’a pas entendu Papi Roger raconter, en bombant le torse, comment il arrêta de fumer. Il dit avoir interrompu du « jour au lendemain » sa consommation quotidienne de Gitanes Maïs, qui amputait finances, performances sportives et capital santé ?

« Y a que la volonté qui marche ! » (Papi Roger, le 24/02/1999)

Selon cette vision, les fumeurs seraient tous des « faibles d’esprit » inconscients et responsables de leurs actes… De là à dire qu’ils n’auraient que ce qu’ils méritent , il n’y a qu’un (dangereux) pas…

 

La dépendance, c’est quand la volonté ne suffit plus !

Il semble donc nécessaire de préciser les véritables critères de la dépendance, encore nommée addiction pour rompre avec les ambiguïtés.

Si les addictologues (spécialistes de l’étude des dépendances et de leurs traitements) se réjouissent sans doute que Papi Roger stoppât son tabagisme, son expérience ne concerne peut-être pas, médicalement parlant, leur pratique… Celle-ci est, au contraire, susceptible de pérenniser une confusion portant sur les critères diagnostiques des addictions, telles que la médecine les définit.

Pour parler médicalement d’addiction (de dépendance), il faut plusieurs éléments successifs:
  1. un usage d’une substance psycho-active*, engendrant un effet gratifiant (effet renforçant)
  2. une répétition de cet usage (répéter, c’est logique, puisque c’est bon !)
  3. une apparition, puis une accumulation, d’inconvénients/de dommages liés à l’usage,
  4. une prise de conscience des méfaits liés à l’usage et donc de la nécessité d’un(e) modération/arrêt de l’usage
  5. une décision d’interruption (ou de modération) de l’usage
  6. puis … un (des) échec(s) à y parvenir !

Les personnes qui ont traversé ces différentes étapes sont susceptibles de présenter un diagnostic de dépendance. Ce sont eux qui deviendront la cible privilégiée des soins.

Que fait-on de ceux qui ne sont pas « addicts » ?

Attention ! Permettre à un « abuseur » (consommateur problématique sans dépendance constituée) d’interrompre son usage, même s’il n’est pas (encore ?) confirmé dépendant, reste très important et hautement bénéfique. Il existe donc un travail d’information fondamental. La démarche vise alors une action préventive à l’apparition des dépendances. Néanmoins, là ne se situe pas l’action à visée curative.

Papi Roger doit donc probablement avoir la « chance » de faire partie des (rares) usagers de nicotine inhalée à avoir échappé aux affres du phénomène de dépendance. La motivation lui a donc suffit (félicitons en le, tout de même !) à interrompre le comportement nuisible.

On sait aujourd’hui que le risque de développer une addiction varie d’un individu à l’autre selon de multiples facteurs (génétiques, neurobiologiques, environnementaux, développementaux…) Ils demeurent l’objet d’études pour de nombreux chercheurs.

Si la dépendance est une maladie véritable, elle justifie d’un traitement spécifique. Quelles seraient les caractéristiques du traitement « idéal » d’une addiction ? – et plus précisément, de la dépendance au tabac (addiction à la nicotine) ?

 Les addictologues s’accordent à reconnaître qu’il n’existe que peu de traitements médicamenteux véritablement efficaces pour traiter les maladies addictives. Avant d’étudier précisément l’un d’entre eux, interrogeons nous sur les caractéristiques attendues pour de tels médicaments.

 

Quel est le profil du traitement idéal pour une addiction donnée ?

  1.  permettre de mettre un terme à l’usage (ou au comportement) devenu problématique et compulsif
  2. engendrer une disparition totale de, ce que le spécialiste nomme « craving » : envi irrépressible de consommer, d’user de la substance, en dépit de la ferme volonté de la personne d’y mettre un terme, par conscience de son caractère néfaste…
  3. présenter peu ou pas d’effets secondaires (acceptabilité)
  4. ne perpétuer la dépendance (donc ne pas générer un effet « mimant » celui de la substance psycho-active problématique = pas d’effet renforçant)
  5. déboucher sur la perspective d’un maintien DURABLE de l’abstinence, au delà de sa diminution puis de son arrêt (moyennant son utilisation sur une durée conseillée, qui resterait à définir…)

 

Résumons donc

Le traitement « idéal » d’une addiction doit être capable de permettre à une personne qui ne peut pas arrêter son usage compulsif, malgré une volonté réelle (pleine conscience des conséquences désastreuses), d’y parvenir :

  • en déjouant les mécanismes du manque (sevrage, « craving »),
  • sans induire d’effets indésirables,
  • par blocage des mécanismes neurobiologiques de la dépendance (pas d’effet renforçant).

 

…Et pourquoi est-il si important que le traitement de l’addiction n’engendre pas d’effet renforçant ? ( = effet shoot, effet agréable ressenti, effet gratifiant, effet récréatif…)  Et le sevrage dans tout ça ?

Quel est le traitement « miracle » ?                                                                                   

Tabagisme (la suite)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *