Tabagisme: ce que l’on croit, ce que l’on sait, ce qu’on nous cache…

PARTIE 2

 

Et pourquoi est-il si important que le traitement de l’addiction n’engendre pas d’effet renforçant ? ( = effet shoot, effet agréable ressenti, effet gratifiant, effet récréatif…)  Et le sevrage dans tout ça ?

« Je mâche des gommes à la nicotine depuis 25 ans et …  plus une seule cigarette de fumée depuis ! »

Parce que cette sensation immédiate serait intimement liée au risque de développer une dépendance. Si on utilise un traitement responsable d’un tel effet, il est hautement probable que son interruption laissera place à une réémergence des comportements d’usages compulsifs initiaux. Cette solution imparfaite pourrait néanmoins parfois s’avérer bénéfique dans une démarche que l’on nomme « de réduction des risques ». Elle envisage la substitution de l’usage dans la substance addictive en un comportement équivalent mais dénué de dommage (c’est la substitution pure). On ne traite pas l’addiction « stricto sensu » mais on parvient à supprimer les conséquences délétères qui l’accompagnent. C’est cette approche qui sous-tend la délivrance médicalisée d’héroïne dans certains pays européens (à l’étude en France), ainsi que les moyens de délivrance immédiate nicotinique (tels que les gommes, inhaleurs, voire même e-cigarettes !) C’est certainement cette démarche médicale que les détracteurs taxent de « donner de la drogue aux drogués… » Pourtant, même dans ce cas de figure, les conséquences sanitaires en matière de santé publique seraient loin d’être nulles …

Mais, revenons à nos goudrons… L’objectif addictologique reste donc l’interruption de la consommation sans production de sensation, susceptible de pérenniser les mécanismes neurobiologiques ayant engendrés l’addiction… dans l’espoir d’un maintien de l’abstinence même au décours de la cure

 

SEVRAGE

Et le sevrage dans tout ça ? …une étape nécessaire mais insuffisante, car limitée…

« Tu verras, ton corps aura éliminé la nicotine en quelques jours… tu seras sevré… »

Pourquoi entend-on souvent que l’étape la plus difficile se résumerait aux premiers jours d’abstinence ?

Des apprentis-biochimistes expliquent souvent, en société, qu’une fois la substance addictive éliminée par l’organisme, le consommateur « dépendant » a franchi l’obstacle le plus important vers la guérison de sa « toxicomanie »*. Cette croyance découle d’une confusion entre les notions de sevrage et dépendance. L’addiction (la dépendance) doit être considérée comme une maladie chronique. Le sevrage (réaction de l’organisme à l’arrêt de consommation d’une substance qui était administrée de façon continue et prolongée) ne constitue qu’une étape préalable au véritable enjeu du traitement des dépendances : le maintien au long cours d’une abstinence totale !!

C’est ainsi que les cures de sevrage et autres post-cures destinées aux personnes « alcooliques » ont un intérêt réel, mais qui reste parfois mal compris. Ce n’est qu’au décours de celles-ci que le véritable traitement de l’addiction va débuter, avec comme objectif le maintien de ce qui y a été initiée, moyennant des stratégies multiples visant à protéger l’individu de la rechute dans son milieu de vie naturel… Les héroïnomanes, maintenus de force en milieu hospitalier pour leur permettre de surmonter le sevrage particulièrement douloureux (par arrêt brutal des shoot d’héroïne), rechutent parce que la maladie addictive survie bien au delà du violent sevrage auquel ils ont été confrontés, faute d’une stratégie médicale adaptée. Contrairement à une idée reçue, la reprise des consommations ne signifie pas qu’ils sont d’affreux psychopathes, irresponsables, et dénués de volonté.

D’après le Professeur Auriacombe (éminent addictologue français ayant participé à l’élaboration des critères diagnostiques de dépendance pour la 5ème édition du D.S.M) , ce phénomène de sevrage ne serait  pas même un bon critère pour dépister l’addiction. Ce phénomène physiologique, aspécifique, et temporaire ne marquerait qu’une réaction, plus ou moins bruyante, de notre corps, en réaction à la privation brutale en une substance à laquelle il tendait à s’habituer. L’organisme considère cette interruption brutale comme une agression, et cela va se traduire par un certain nombre de symptômes inconfortables. L’exemple le plus répandu de ce phénomène, dans notre beau pays viticole, serait illustré par ce que l’on nomme trivialement « gueule de bois »… Que chacun se rassure. Grâce au Pr Auriacombe, on sait désormais qu’expérimenter une «gueule de bois» ne suffit pas à se révéler « alcoolique » – dépendant à l’alcool.

Dépendance physique ou psychologique ? C’est donc ce banal phénomène de sevrage que d’antiques spécialistes décrivaient sous le nom de « dépendance physique »; par opposition à la « dépendance psychologique » dont le substratum restaient souvent pour le moins ésotérique… Il est justifié d’oublier cette fausse dualité moyenâgeuse. Le sevrage n’est pas un élément intéressant pour étudier la dépendance. La dépendance psychologique ne devrait pas être qualifiée de la sorte. Jusqu’à preuve du contraire, le psychisme correspond à une activité corticale, le cerveau appartient au corps, et ce qui s’y passe est donc à apparenter au physique… Parlons donc de La Dépendance… seule et unique !!

 

*toxicomanie: il est bon de souligner le caractère impropre du terme « toxicomanie », certaines substances addictives n’étant pas biologiquement toxiques, certains produits toxiques étant non addictifs, tandis que certaines addictions existent même sans substance !

 

Instructif… Mais… ALORS ? POUR LE TABAC ? C’EST QUOI L’INFO CENSEE FAIRE LE BUZZ ??

Tabagisme (la suite)

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